Nora Berra rescapée d’une diversité involontaire

Nora Berra rescapée d’une diversité involontaire
Lorsqu’elle avait été nommée secrétaire d’État aux Aînés dans le précédent gouvernement Fillon, Nora Berra, médecin de profession, algérienne d’origine, lyonnaise de cœur et de naissance, s’arrangea pour camper un personnage qui impose toutes sortes de comparaisons. Elle était l’anti-Rachida Dati en matière de frime sociale et de m’as-tu –vu exhibitionniste, l’anti-Rama Yade en matière de coup de gueule sanguin et capricieux, l’anti-Fadela-Amara en matière d’allure organisée et de tchatche structurée.

Sa discrétion fut si voyante que les médias arrivent à oublier jusqu’à son existence. Il est vrai que Nora Berra n’est pas le genre à avoir le phrasé explosif qui séduit ni l’envie d’en découdre qui creuse les sillons. D’autant qu’elle s’occupait d’un secteur qui relevait plus de la pitié sociale que de la stratégie politique, avant de devenir aujourd’hui un des grands chantiers de la réforme de Nicolas Sarkozy sous l’inoffensif vocable de la « dépendance ». Etait-ce sa discrétion qui lui a permis de sauver sa tête alors que tous les pronostics la rangeaient sur la liste des partants ?

Nora Berra résista non seulement aux ciseaux ravageurs du remaniement, mais elle eut en prime une promotion et fut nommée secrétaire d’État chargée de la Santé, un poste plus en adéquation avec son profil de médecin et sa carrière dans l’univers hospitalier. Avec le départ de Rama Yade et de Fadela Amara, la presse a beaucoup glosé sur la fin de la diversité. Et comme si ce terme était porteur d’une malédiction politique, ni Nora Berra ni l’autre Maghrébine du gouvernement Jeannette Bougrab qui a fait un saut qualitatif de la présidence de la HALDE ( la Haute autorité de lutte contre la discrimination et pour l’égalité) au poste de secrétaire d’État à la Jeunesse et à la Vie associative, ne se revendiquent comme des symboles de la diversité. Les deux icônes se disent avoir été cooptées non pas en fonction de leurs origines mais de leurs passions militantes qu’elles ont mises au service de l’UMP, le parti de Nicolas Sarkozy.

Pour Nora Berra, la discrétion et l’ombre appartiennent à une autre époque. S’il n’ y avait aujourd’hui le scandale des rétro commissions et l’attentat de Karachi qui mobilisent les grands titres de l’actualité française, elle aurait été le premier grand scandale du nouveau gouvernement déclenché par la grande panique qu’a provoquée un médicament comme «Le Médiator», utilisé comme coupe-faim et soupçonné d’avoir des «vertus» cancérigènes. Nora Berra s’est faite remarquée par des déclarations très soft et très compréhensibles à sa non interdiction observée par exemple en Espagne dès 2009.

Et cela rappela en d’autres termes le grand ratage de Roselyne Bachelot et ses millions de vaccins de la grippe A inutilisés, accusée d’être en proximité coupable avec les grands laboratoires. Ce premier faux pas attira l’attention et les lumières sur Nora Berra. Et l’on découvre que la nouvelle secrétaire d’Etat à la Santé était pendant dix ans salariée des laboratoires pharmaceutiques. Cela a suffi pour que certaines voix dont celle d’un député, demandent la démission de Nora Berra pour «conflit d’intérêt». Le conflit d’intérêt étant la maladie congénitale de la gouvernance de Sarkozy comme l’ancien haut commissaire aux Solidarités Martin Hirsh avait essayé de le démontrer dans un livre.

(ALM)

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