Nicolas Sarkozy et la fable du remaniement

Nicolas Sarkozy et la fable du remaniement
Depuis de longues semaines déjà, pas un seul journal publié en France, pas une seule chronique politique diffusée sur les radios, pas une seule émission politique à la télévision, ne peut s’empêcher de parler du remaniement.

Comme un marronnier, le sujet revenait avec une grande régularité comme une rubrique obligatoire et inévitable de la respiration politique française. Annoncé depuis des mois par Nicolas Sarkozy, le remaniement du gouvernement devait donner un second souffle à son quinquennat, l’aider à reconstituer une équipe gouvernementale mobilisée et motivée à fond pour l’aider à reconquérir un second bail à l’Elysée. Et voilà qu’arrive l’heure fatidique du remaniement et le second souffle tant désiré paraît difficile à atteindre surtout que la tendance politique du moment oblige Nicolas Sarkozy à garder François Fillon à son poste de Premier ministre. La main présidentielle étant forcée par deux facteurs essentiels : L’insolente popularité de François Fillon et le soutien quasi insurrectionnel dont il bénéficie au sein de l’UMP et de son puissant groupe parlementaire.

Mais l’obligation forcée de reconduire François Fillon à la tête de la machine gouvernementale, de par son énormité, cache à peine le grand débat de savoir si Nicolas Sarkozy avait raison d’annoncer un remaniement six mois à l’avance. Et parce que cette décision particulière est susceptible de trahir un tempérament, elle fut au centre de nombreux débats acérés entre ceux qui y voient une intelligence politique machiavélique et ceux qui y voient une gaffe d’amateur et de débutant.

Le premier camp s’extasie devant la courageuse posture de Nicolas Sarkozy. Voilà un homme qui n’a peur de rien, qui sait où il va, quel chemin prendre et quand il faut le prendre. L’agenda comme les missions sont clairs dans sa tête. Il les annonce à son rythme et ne se laisse pas dicter leur déroulement par une presse impatiente et des lobbys hyperactifs. Le second camp et qui n’est pas exclusif à l’opinion, moque cette décision. Elle a eu pour conséquences de geler l’activité gouvernementale, de transformer les agendas des ministres en feuille de route pour la survie, de provoquer des duels fratricides entre les sortants et ceux qui aspirent à prendre leurs places.

Le duel guerrier que se livre le sortant François Fillon et le prétendant à la couronne de Matignon Jena Louis Borloo tourne à la bataille homérique qui, quelle que soit son issue, laissera des traces au sein de la majorité. Sans parler que cette annonce avait exacerbé des tensions entre des couples ministériels qui avaient déjà du mal à se supporter. Les plus célèbres étant Christine Lagarde et François Baroin autour de la Finance et du budget, Brice Hortefeux et Eric Besson autour de la sécurité, immigration et l’identité nationale, Roselyne Bachelot et Rama Yade autour de la jeunesse et sports.

A l’heure de remanier, Nicolas Sarkozy paraît lui même essoufflé. L’effet de surprise est perdu. Sa marge de manœuvre s’est réduite comme une peau de chagrin. S’il est obligé de garder François Fillon, l’opinion ne comprendrait pas tant de gesticulations et d’efforts pour aboutir à ce résultat. S’il nomme Jean Louis Borloo, il ferait uniquement le bonheur des chansonniers et des écrivains de calembours.C’est dire l’impasse de Nicolas Sarkozy obligé de chercher désespérément l’introuvable troisième homme.

(ALM)

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