Nelson Mandela, président symbolique du Sommet franco-africain de l’Elysée

Le Sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique s’est ouvert vendredi à Paris sous la présidence symbolique de Nelson Mandela, disparu la veille, en présence d’une quarantaine de dirigeants africains qui lui ont rendu un hommage solennel.
Ce sommet est axé sur la sécurité, au moment même où la France s’engage militairement en Afrique pour la deuxième fois en moins d’un an, avec l’opération « Sangaris » en Centrafrique.
« Aujourd’hui, c’est Nelson Mandela qui préside les travaux de ce sommet (…), c’est un symbole et en même temps une exigence de responsabilité », a lancé le président français, à l’ouverture du sommet.

"Nous devons poursuivre sur le chemin qu’il a ouvert pour nous, discuter ensemble pour trouver des solutions africaines aux problèmes africains (…). Nous allons travailler avec la communauté internationale, des amis comme la France pour que son rêve devienne une réalité", a souligné la ministre sud-africaine des Affaires étrangères Maite Nkoana-Mashabane.

Les participants ont observé debout une minute de silence en hommage à l’ancien dirigeant sud-africain, dont une photo en pied, le poing levé et le visage souriant, avait été disposée au côté du pupitre du sommet, flanqué des drapeaux de la cinquantaine de pays représentés.

"Sa mort va sans doute peser sur le sommet. C’est tombé comme un coup de tonnerre", avait déclaré avant le début de la rencontre le président congolais Denis Sassou Nguesso.

Le sommet de l’Elysée s’ouvre quelques heures seulement après le début d’une opération militaire française en Centrafrique, où l’ancienne puissance coloniale va déployer 1.200 soldats, moins d’un an après avoir engagé plus de 4.000 militaires au Mali en janvier.

Jeudi, des soldats français ont tué plusieurs personnes à bord d’un pick-up à Bangui, qui avaient ouvert le feu en leur direction et sur des civils, a indiqué vendredi à Paris l’état-major des armées.

Plusieurs chefs d’Etat présents à Paris ont déjà salué l’engagement français à Bangui, au premier rang desquels le président malien Ibrahim Boubacar Keïta qui y voit un "devoir historique" de l’ancienne puissance coloniale.

Pour la France, ses interventions au Mali comme en Centrafrique, lourdes financièrement, démontrent la nécessité que les Africains se dotent d’une capacité de défense commune. Pour "maîtriser son destin", l’Afrique doit "assurer par elle-même sa sécurité", a souligné vendredi François Hollande.

"Nous attendons de voir comment les Africains peuvent s’organiser pour assurer nous-mêmes nos responsabilités", a indiqué de son côté le président guinéen Alfa Condé. "Mais que la France soit obligée d’intervenir en pompier pour nous sauver, ce n’est pas normal", a-t-il ajouté.

Annoncée en mai lors d’un sommet de l’UA à Addis Abeba, la création d’une force de réaction rapide africaine pourrait être relancée à l’occasion du sommet de Paris.

Ce projet laisse néanmoins dubitatif le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

"L’une de nos propositions à ce sommet de Paris consistera précisément à dire que tous ceux qui profitent des richesses de l’Afrique doivent aussi contribuer à sa sécurité", a-t-il déclaré vendredi au quotidien Le Figaro. Car, souligne-t-il, "quoi qu’on dise de l’influence grandissante de la Chine, des Etats-Unis ou du Brésil, ces pays ne sont pas engagés chez nous sur le front de la défense et de la sécurité. Ils ne prennent pas les mêmes risques que la France".

Sécurité et développement économique

Pour Paris, l’enjeu de la sécurité du continent est primordial. "La sécurité de l’Afrique, c’est aussi la sécurité de l’Europe", répètent à l’envi les responsables français, en mettant en avant une "proximité" géographique mais aussi des menaces communes (terrorisme, piraterie maritime, trafics).

"La sécurité doit être le socle sur lequel se bâtit le développement économique", dit-on aussi à l’Elysée. "Aujourd’hui, le principal allié des jihadistes, des terroristes, des organisations criminelles, c’est la pauvreté", a également souligné vendredi le président du Niger Mahmadou Issoufou.

Au total, 53 pays africains sont représentés au sommet de Paris, seul le Zimbabwe ayant décliné l’invitation. Son président Robert Mugabe a été jugé persona non grata par Paris, tout comme cinq autres chefs d’Etat (Soudan, Guinée-Bissau, Centrafrique, Madagascar et Egypte).

Sont également présents les dirigeants de l’Union européenne et de l’Union africaine, ainsi que le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.

Pour François Hollande, il s’agit de montrer que la France est sortie de son face-à-face, parfois trouble voire opaque, avec ses anciennes colonies, une "rupture" déjà promise à plusieurs reprises par Paris, rappelle Antoine Glaser. Cet expert des relations franco-africaines juge que "dans les faits, il n’y a pas de +nouvelle+ politique". "La politique africaine de la France, c’est toujours celle des militaires français", dit-il.

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