Naissance après une greffe d’utérus: une « très belle avancée » pour le chef de la maternité de Necker à Paris

La naissance en Suède d’un bébé dont la mère avait subi une greffe d’utérus est une « très belle avancée » mais reste une procédure très lourde qui, pour l’heure, s’adresse principalement aux femmes nées sans utérus, souligne le professeur Yves Ville, chef du service de la maternité de l’hôpital Necker à Paris.

QUESTION: Est-ce une étape majeure pour les couples infertiles?

REPONSE: C’est une très belle avancée, et une alternative aux mères porteuses. L’expérience de cette équipe est assez colossale et très bien documentée. A partir de là, vont pouvoir se décliner des modes opératoires. C’est quelque chose qui va pouvoir être transféré et qui repose sur une base solide, contrairement à ce qui existait avant.

L’indication "idéale" pour ce type de greffe sont les syndromes où les fillettes naissent sans vagin et sans utérus, ce qu’on appelle le syndrome de Rokitansky. C’est à peu près une femme sur 4 ou 5.000 dans le monde. Leur anatomie est intacte, alors que lorsque vous enlevez l’utérus pour des raisons médicales, cancérologiques ou d’hémorragie lors d’un accouchement, vous ne pensez pas ensuite à une transplantation, vous l’enlevez pour sauver la vie de cette femme.

Et puis, c’est une intervention très longue. Le plus long, ce n’est pas pour la greffe elle-même mais plutôt pour le prélèvement. C’est une dizaine d’heures et un prélèvement très méticuleux parce qu’il faut que l’utérus ensuite puisse être réimplantable. Ca n’a rien à voir avec l’hystérectomie (ablation de l’utérus) et ce n’est pas comme donner un rein. Il faut que la donneuse soit très altruiste.


Q: Existe-t-il plus de risques pour l’enfant, pour la mère?

R: Des femmes greffées enceintes, ça fait des dizaines d’années qu’on connaît ça. Il y a des complications liées à l’utilisation des immuno-suppresseurs (NDLR, pour empêcher les rejets). On sait que des patientes qui ont reçu une greffe de foie ou de rein, enceintes avec des immunosuppresseurs, font plus que d’autres des hypertensions de la grossesse.

Sur les enfants nés après greffe chez les mamans, on a des suivis depuis plus de 20 ans et on sait qu’il n’y a pas d’effets délétères à long terme.

Q: La greffe a-t-elle vocation à être permanente ou l’utérus est-il retiré au bout d’un certain temps?

R: C’est une greffe destinée, non pas à garder un organe fonctionnel pendant des années, mais à pouvoir permettre à des femmes d’avoir un, et pourquoi pas, deux enfants. Après, comment l’utérus en question va pouvoir surmonter le post-accouchement est un gros point d’interrogation. Ce ne serait pas très judicieux que de vouloir le maintenir plusieurs années avec les conséquences à long terme du traitement immuno-suppresseur sur la santé de ces femmes.

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