Mustapha Laabid : « Ma double identité a toujours été une force »

« Femmes et hommes politiques marocains du monde : expériences croisées » est le thème d’une table-ronde organisée au pavillon du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), vendredi 15 février. Nadia El Yousfi (Belgique), Salwa El Gharbi (Espagne), Mustapha Laabid (France) et Rachid Moktadir (Maroc) ont participé à cette table-ronde, modérée par Abdelghani Dades, membre du CCME.

Cette rencontre a mis en relief la singularité des parcours réussis d’élus issus de la diversité Elle a également mis en exergue la valeur ajoutée des Marocains dans les sociétés d’accueil.

Mustapha Laabid : "Ma double identité a toujours été une force"

Mustapha Laabid, né à Rennes. Il est député LREM (parti au pouvoir) et président du groupe d’amitié France-Maroc à l’Assemblée nationale, revendique sa double culture comme une richesse et un atout.

Pour le député, sa double identité "a toujours été une force” . “je suis Français, Breton et Marocain sans aucun souci d’incompatibilité”, explique Mustapha Laabid qui “travaille en tant que député sur tous les sujets notamment sur l’Islam de France” précisant qu’aucun “sujet ne lui est interdit en référence à ses origines”.

“J’ai eu l’impression que je n’étais pas tout à fait Français, ni tout à fait Marocain. J’ai réalisé que 1+1=3 et j’ai donc créé ma propre identité”, a-t-il poursuivi.

Il qualifie toutefois son expérience de “retour au Maroc” d’un demi-échec, compte-tenu du “choc qu’il a eu à interagir avec une culture qu’il ne comprenait pas réellement”. Il revient donc en France en 2005, en pleine crise des banlieues et s’est engagé dans l’action sociale pour faire face à la discrimination et à l’exclusion sociale à travers le sport.

Fortement engagé dans le social et pour l’insertion des jeunes, il devient donc le deuxième élu issu de l’immigration de l’histoire de la Bretagne.

Mustapha Laabid a saisi cette occasion pour inciter “ les jeunes à franchir le seuil et s’engager en politique pour représenter leurs concitoyens mais aussi la richesse de leur culture d’origine”.

Rachid Moktadir : l’intégration de la question migratoire reste limitée dans les stratégies nationales

De son point de vue de chercheur, Rachid Moktadir s’est félicité de cette rencontre et invité à encourager la mise en valeur “des compétences marocaines à l’étranger pour face à l’action des courants d’extrême droite qui sévissent en Occident”.

Il a noté à cet effet que “l’intégration de la question migratoire reste limitée dans les stratégies nationales et les études académiques ” malgré le traitement qualitatif qui lui a été réservée par l’institution royale : “les discours de SM le Roi Mohammed VI ont, depuis 2005, conféré une attention particulière aux Marocains du monde et reconnu leur valeur ajoutée incontestable dans le développement du pays”.

Nadia El Yousfi : j’ai puisé dans l’injustice la force de mon engagement

Née à Casablanca, Nadia El Youfsi a rejoint avec sa famille son père en Belgique en 1974. “Mes premières années en immigration ont été marquées par la transposition de mon Maroc avec son système de solidarité et de chaleur familiale dans mon quartier à Bruxelles”, a-t-elle affirmé.

Ma famille a subi le racisme de la police et nous avons été la première famille à déposer une plainte contre les autorités’, poursuit Nadia El Yousfi précisant qu’elle puise la force de son engagement dans cette injustice”.

Nous avons pris conscience en 1991 de l’importance de l’engagement de la communauté marocaine qui a, en partie, été à l’origine de la création des médiateurs communaux. Un métier que Nadia El Yousfi a exercé pendant 14 ans pour “améliorer l’accès à la naturalisation tant au niveau des frais que des procédures”.

Son engagement social dans le cadre d’associations et institutions de médiation l’a “naturellement conduit en 2004 à une aventure politique”. Elle devient en cette année députée socialiste du Parlement de la Région Bruxelles Capitale. Elle devient aussi déléguée à la Communauté française de Belgique en 2013 et sénateur de la communauté française en 2014.

Salwa El Gharbi : je suis marocaine, catalane, porteuse des valeurs de part et d’autre de la Méditerranée

Salwa El Gharbi est députée en Catalogne depuis janvier 2018. Elle a été activement engagée dans la société catalane depuis 1993.

Pour "accomplir ma part d’engagement dans le processus d’intégration, j’ai voulu démolir le premier obstacle, celui de ne pas maîtriser la langue".

Elle intègre ainsi le centre UNESCO de la Catalogne en 1999 et "participe aux première actions pour l’interculturalité. Cette expérience l’a "mené à affirmer sa double culture" : "je ne me revendiquais pas d’un côté ou d’un autre, je suis marocaine, catalane et porteuse des valeurs de part et d’autre de la Méditerranée".

Son travail dans la médiation culturelle "a été enrichissant mais incomplet" car elle "voulais nourrir ce besoin de s’engager dans la vie sociale et politique". Elle décide donc de s’engager dans la politique et devient député.

"Les élus de la diversité doivent garder à l’esprit qu’en plus de promouvoir leur culture d’origine, ils doivent aussi défendre toutes les causes des nations qu’ils représentent", a-t-elle conclu.

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