Murdoch ferme le tabloïd News Of The World

Le scandale des écoutes illégales menées par les journalistes de «News of The World» ne cesse d’enfler. La situation est si délicate que Rupert Murdoch est contraint de prendre les affaires en main. Le baron australien des médias, patron du groupe Newscorp, va tenter de limiter les dégats. Il est arrivé dimanche à la mi-journée à Londres en provenance des Etats-Unis.

Murdoch ferme le tabloïd News Of The World
Son fils James, président de News International, a décidé de sacrifier purement et simplement le journal à sensation. Le «NoTW» a sorti sa dernière édition dimanche, après 168 ans de scoops sulfureux qui en en fait, avec 2,8 millions d’exemplaires, l’un des quotidiens anglophones les plus vendus au monde. Sous le titre «Merci et adieu», deux millions d’exemplaires supplémentaires du journal ont été imprimés, prévoyant une ruée sur les kiosques pour cette édition souvenir.

Des milliers de messageries piratées

Le tabloïd est accusé d’avoir piraté depuis 2005 les messageries de milliers de célébrités, de Hugh Grant au prince William, mais également celles d’une écolière assassinée et de proches de soldats tués en Irak. Deplus, il aurait rémunéré des policiers en échange d’informations confidentielles.

La fermeture du journal n’a pas mis terme au scandale. Trois personnes ont été interpellées depuis vendredi matin, en particulier son ancien rédacteur en chef Andy Coulson, qui avait démissionné en 2007 à la suite d’un premier scandale. Celui-ci a dû quitter ses fonctions de directeur de la communication du Premier ministre David Cameron. Il a été libéré sous conditions, après une journée de garde à vue, comme les deux autres interpellés. «C’est un jour très triste pour le News of the World. Encore plus pour le personnel», a-t-il déclaré à la presse.

Le rachat de BSkyB compromis

Très dépendant de la télévision, l’empire Murdoch pourrait voir le scandale compromettre un de ses projets-phare au Royaume-Uni : le rachat du bouquet de satellite BSkyB. Beaucoup craignent qu’il confère une position ultra-dominante à Murdoch, qui possède déjà le tiers des médias d’information britanniques. Vendredi, David Cameron a laissé entendre qu’il pourrait reporter sa décision à l’automne. L’instance de régulation britannique de l’audiovisuel, Ofcom, a demandé à être informé de l’enquête sur le NotW, faisant plonger de près de 8% l’action BSkyB à la Bourse de Londres vendredi.

Outre cet aspect politique du dossier, Rupert Murdoch devra épauler son fils James, responsable des opérations européennes et asiatiques de News Corp. S’il est avéré que le NotW a corrompu des policiers, James Murdoch pourrait être poursuivi au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Vendredi, David Cameron estimait en effet que la police devait interroger toutes les personnes concernées, «peu importe qu’elles se situent en haut ou en bas de la hiérarchie».

Le Premier ministre a également déclaré que «aurait accepté» la démission de la directrice générale de News International, Rebekah Brooks, de plus en plus sur la sellette. «Le QG de Murdoch a-t-il dissimulé des preuves ?», se demande le Guardian, ajoutant que la police suspecte la destruction présumée de «millions de courriels». News International a démenti. Tentant vendredi de se justifier devant les 280 employés en colère du NotW, Rebekah Brooks a déclaré que, «dans un an», ils comprendront pourquoi il fallait fermer le tabloïd. Un mystère supplémentaire.

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