Municipales: le PS gèle l’investiture du maire de Saint-Nazaire

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a confirmé samedi le gel de l’investiture du maire de Saint-Nazaire pour les municipales, mis en cause après les accusations de violences sexuelles contre un élu, dans une interview samedi au journal Presse-Océan.

"A ce stade, il est acté qu’il n’y a pas de possibilité d’accorder l’investiture socialiste au maire sortant" David Samzun, a déclaré Olivier Faure au journal. "La situation sera gelée tant que des discussions ne seront pas engagées avec la ville et qu’un éclaircissement de la situation soit obtenu", a-t-il précisé.

Fin juin, la mairie socialiste était secouée par une grave crise après la démission de trois adjointes au maire faisant suite à des accusations de violences sexuelles contre un autre élu.

Le PS avait envoyé une délégation, composée de l’ancienne ministre aux Droits des femmes Laurence Rossignol, tandis que la procureure Sylvie Canovas-Lagarde avait ouvert une enquête du chef de viol pour des faits commis en 2014, révélés en juin par le "courrier d’une élue".

La victime présumée, Gaëlle Betlamini, avait quitté le conseil municipal mais n’avait pas porté plainte. En mai, l’adjoint aux Finances Martin Arnout, visé par les accusations de violences sexuelles, avait déposé plainte pour diffamation à l’encontre de la première adjointe de Saint-Nazaire.

La procureure avait classé les deux affaires sans suite, les investigations n’ayant pas permis "de caractériser les éléments constitutifs du viol".

Le patron du PS estime que le premier édile aurait dû protéger les lanceurs d’alerte: "Il ne s’est apparemment pas posé la question de savoir comment il pouvait protéger la parole d’une victime éventuelle et celle de personnes, des élues en l’occurrence, qui ont joué le rôle de lanceurs d’alerte".

Sa gestion de crise lui est aussi reprochée. "Nous ne disons pas que le maire n’a rien fait (…) Mais la seule sanction prise l’a été à l’encontre des femmes qui ont été des lanceurs d’alerte et qui se sont vues signifier qu’elles ne figureraient pas sur la liste du maire sortant à l’occasion de la prochaine campagne municipale. Ça, ce n’est pas possible", estime M. Faure.

"On ne peut pas avoir applaudi l’émergence du mouvement MeToo et agir de manière à laisser perdurer un climat qui conduirait à ce que les femmes soient considérées comme des objets ou des proies. Il n’y a pas d’omerta au parti socialiste, il n’y en aura pas", assure-t-il.

Olivier Faure se dit même prêt à perdre le bastion socialiste. "On assume notre position. J’ai conscience que cette décision peut potentiellement nous couper de la municipalité actuelle mais l’on ne transige pas avec des valeurs. Il y a des principes, parmi lesquels l’égalité femmes-hommes, que nous plaçons au-delà de nos intérêts électoraux", dit-il.

Dans un communiqué, le maire David Samzun citant le journal Le Monde, affirme avoir appris par voie de presse, que la commission d’enquête du PS avait rendu ses conclusions mi-juillet. Il assure n’avoir exclu aucun élu. "Je n’ai exclu personne, ni retiré aucune délégation à aucun.e de mes adjoint.es. J’ai simplement indiqué que le candidat que je suis prendra la liberté de constituer sa liste librement", se défend-il.

Dans les rangs des ex-membres de l’équipe municipale, on salue "les mots courageux" d’Olivier Faure. "Nous prenons aujourd’hui acte de la décision prise par le bureau national du PS" et "nous saluons le message très important qu’elle envoie aux femmes", déclarent dans un communiqué les trois élues démissionnaires Gaëlle Bénizé-Thual, Laurianne Deniaud et Régine Le Bail et Hervé Braire.

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