Mohammed VI, un leadership africain incontestable

Il y a une vérité politique et diplomatique qui saute aux yeux de tous les observateurs. Le Maroc est décidé à jouer un rôle majeur sur les grands théâtres africains. La seconde tournée africaine du Roi Mohammed VI en moins d’un an est venue confirmer cette orientation et consacrer ces choix. La diplomatie marocaine affirme que, même en dehors de l’Union africaine, jamais ce lien vital avec l’Afrique profonde n’a été rompu. Bien au contraire les canaux de communication et d’irrigation mutuelle ont été maintenus avec de nombreux pays.

Par Mustapha Tossa

Cette tournée royale dessine la politique africaine du Maroc sur trois niveaux essentiels. Le premier est celui de l’implication politique du Maroc dans le règlement des crises en Afrique. Son rôle dans la stabilisation du Mali dont l’Etat central était menacé par les groupes armés était déterminant dans la victoire contre les groupes djihadistes dans cette région. Sa récente médiation entre le nouveau pouvoir élu à Bamako et le mouvement rebelle MNLA est venue consacrer son rôle de puissance régionale capable d’être écoutée pour les différents protagonistes de cette crise. Sa crédibilité est à ainsi reconnu et sa parole politique respectée.

Le second niveau d’implication marocaine est aussi économique. La riche délégation d’hommes d’affaires qui accompagne le Souverain dans cette tournée africaine souligne l’importance que le Maroc accorde à la réalisation de projets économiques communs comme la solution pour participer à la relance économique de ces pays africains, consolider les liens avec cet espace africain et le pérenniser de manière à ce que le Maroc puisse mettre à la disposition de ces pays la grande expertise qu’il a acquise dans certains domaines et participer ainsi à sa relance économique dont tous les indicateurs l’affirment prometteuse. Signe supplémentaire de cet engagement dans le développement de ces pays, cette délégation est composée de patrons de grandes entreprises privées, le fleuron de l’économie marocaine, mais aussi d’entreprise publique comme pour souligner l’irréversible engagement de l’Etat marocain.

Le troisième niveau d’approche marocaine est spirituel. Le roi du Maroc se déplace sur ces terres africaines auréolé de son titre de Commandeur des croyants, porte flambeau d’un Islam modéré. La relation religieuse entre le Maroc et ces pays africains ne s’est jamais démentie au fil des siècles. Elle prend aujourd’hui toute son ampleur quand l’ensemble de la région est menacée par une religion dévoyée de son sens original, embrigadée dans des agendas politiques subversifs. Par le choix de former des imams au Mali et dans d’autre pays africains et de les inspirer de son Islam de modération et de tolérance, le Maroc s’engage à ériger un rempart contre cette tendance destructrice qui surfe sur les colères et les frustrations.

Les choix africains de la diplomatie marocaine sont inspirés bien entendu des relations d’histoire et de géographie communes. La visibilité de son action, le Maroc la doit aussi à une conjoncture politique internationale extrêmement favorable à la posture marocaine. Avec la disparition du régime libyen, de nombreux pays africains se sont sentis libérés de la tutelle morbide et souvent irrationnelle du colonel Mouammar Kadhafi. La crise malienne a dévoilé au grand jour le jeu trouble du régime algérien dans cette région pour qui alimenter l’insécurité est un choix politique au point d’accorder asile et protection au chef d’Ansar Eddine, Iyad Ag Ghaly. Cet homme est activement recherché par tous les services de la région et catalogué par le département d’Etat américain comme "terroriste mondial".

Tous ces éléments semblent avoir ouvert un grand boulevard devant la diplomatie marocaine pour qu’elle joue un rôle compatible avec l’influence et la crédibilité du Maroc sur la scène internationale. Ce retour en scène du Maroc est d’autant plus efficace qu’il le fait en bonne intelligence avec les grandes puissances pour lesquelles l’Afrique est un terrain vital de manœuvres. Le cas de la France qui en l’espace d’un temps record a mené deux opérations militaires au Mali et en Centrafrique mais aussi des Etats-Unis qui commencent à penser que la grande menace terroriste de demain est en train de quitter l’Asie pour prendre racine sur les territoires africains.

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