Mohamed Metalsi publie un nouveau livre « Maroc, Cités d’art, Cités d’histoire »

Autrefois empire chérifien, à la croisée de l’Europe et de l’Afrique, désigné par « Al Maghrib Alaqsa » ou « Marrakech », le Maroc, à l’histoire millénaire, invite à la découverte, se visite d’abord comme une destination riche de contrastes naturelles et de diversité culturelle. Sous un double regard historique et architectural, Mohamed Metalsi témoigne dans "Maroc, Cités d’art, Cités d’histoire" (éditions Harmattan).

L’auteur retrace la dynamique des cités, sollicitant des épisodes de l’histoire du Maroc, les sultans, les savants, les intellectuels et les populations qui y ont vécu. Pour les curieux, ce dernier livre de Metalsi est consacré aux villes de Fès, Meknès, Rabat, Marrakech, Tanger et Tétouan. Une invitation à explorer les traces du passé et creuser d’avantage les énigmes de l’authenticité et l’universalité d’une civilisation. Avec grâce et un style tout en nuances, Metalsi poursuit sa passion pour le patrimoine du pays. Une démarche où histoire, anthropologie et sociologie sont constamment enchevêtrées, sans idéalisation du passé et de la mémoire.

En préfaçant le livre, l’universitaire Abderrahman Tenkoul s’interroge « Sur le parti pris de l’auteur pour des cités traditionnelles du Maroc où se conjuguent souvenirs du passé et art de vivre du présent ? Nous en avons sans doute la réponse dans sa passion pour le patrimoine matériel et immatériel du pays, comme en témoignent déjà ses beaux ouvrages consacrés à Fès, Tanger et Tétouan. De même qu’il s’explique par ses recherches à la fois assidues et renouvlées sur l’art et l’architecture, à partir desquels il veut capter la mémoire visuelle du Maroc et certaines marques du génie de son peuple ».

Ce Maroc, était autrefois le bout du monde. Pour les Grecs de l’Antiquité, le détroit de Gibraltar, point de passage de l’Occident à l’Orient, représentait l’extrémité du monde connu : c’étaient les colonnes d’Hercule.

Des terres du Maroc, on découvre la profondeur de la générosité des populations et des dynasties qui se sont succédées. Un tourbillon de tentations s’offre avec ce voyage dans les cités d’art et d’histoire. Chaque cité dévoilé sa personnalité singulière. Les villes de Fès, Marrakech, Meknès et Rabat, sont l’œuvre des six grandes dynasties qui ont régné sur le Maroc depuis son islamisation au VIIIe siècle. Mosquées, palais, jardins… révèlent l’exceptionnel savoir-faire de leurs maîtres d’œuvre et leur talent en matière d’ornementation.

Fès, des idrisides et des savoirs, ses palais et demeures, ses moquées et médersas est : « la plus ancienne cité impériale du Maroc, est aussi la gardienne des traditions et de la mémoire hispano-arabes » Celle que l’on nommait « L’Athènes de l’Afrique » Son Université fut fondée avant la Sorbonne – doit à sa position stratégique au croisement de deux routes caravanières, allant de la Méditerranée au Tafilelt et de l’Atlantique au Maghreb central, d’avoir attiré et retenus des populations migrantes qui l’ont enrichi de leur culture » précise l’auteur.

Marrakech, capitale d’empire, celle qui a donné son nom au royaume, ancienne oasis au pied de l’Atlas, cité des sept saints, elle a été la ville des Berbères et des nomades du sud et du désert. « Tout voyageur atterrissant aujourd’hui à Marrakech aura aperçu en la survolant, la configuration de la cité impériale. La ville ancienne enfermée dans ses remparts, impose son ocre fauve. Cette couleur chaude, exalté par le vert profond des vastes jardins, toujours arrosés par les canaux d’irrigation plusieurs fois centenaires, sert de décor aux grands bassins où se mire la masse argentée des oliviers et aux majestueux palmiers des Almoravides »

Meknès, fût fondée au Xème siècle par les Almoravides en tant qu’établissement militaire. Elle devint capitale sous le règne de Moulay Ismaïl, fondateur de la dynastie alaouite. Entourée de hautes murailles percées de portes monumentales. La Médina s’est construite entre l’Oued Boufekrane et son petit affluent l’Oued Sidi Ali ou Mansour, les remparts et la Kasbah renforçant ce site naturel de défense transformant la petite ville de Meknès en ville impériale.

Mohamed Metalsi voit la ville marocaine historique « la médina » comme une expression d’un contexte historique, d’une culture. Instrument d’arabisation et d’islamisation du pays, la médina a été le lieu de rencontres et de métissages des Berbères, des Moyen-Orientaux et des Arabes venus de la péninsule arabique d’Orient, des Africains et Européens. Les médinas de Fès, Meknès et de Marrakech conservent une organisation spatiale et sociale traditionnelle.

Les monuments les plus exceptionnels ont souvent une vocation religieuse : la mosquée Alqarawiyin à Fès, le minaret de la Koutoubia à Marrakech, les médersas ; Bou Inaniyya à Fès et Ibn Yousouf à Marrakech. Les remparts, les casbahs, les palais, etc.

Le patrimoine marocain est un héritage précieux. La grande difficulté, c’est comment le préserver et le transmettre. Le patrimoine est de pierre, mais aussi de manuscrits, d’objets, d’images… matériel ou immatériel, il est le visage vivant d’une communauté humaine. Comment en saisir ses multiples facettes et l’émanciper? Le Maroc est fortement concerné. Il ne peut faire l’économie de dissocier la dimension anthropologique de son support spatial, archéologique ou architectural. Ils constituent les éléments indissociables d’un héritage unique et original.

Pays d’art et d’histoire, le Maroc devrait initier une nouvelle politique en élargissant les problématiques du patrimoine. Créer un label « Cités d’art et d’histoire » pourrait rendre toutes les formes du patrimoine accessibles aux citoyens, aux habitants et touristes. Imaginer une politique de la ville qui intégrerait la valorisation du patrimoine serait basée sur des partenariats entre le ministère de la Culture et de la Communication et, au-delà, avec des établissements publics, des institutions culturelles et des entreprises.

Mohamed Métalsi est urbaniste, docteur en esthétique et formes architecturales, spécialiste des villes du monde arabe et des jardins du monde arabo-islamique, historien d’art, écrivain, ancien directeur des actions culturelles à l’Institut du Monde Arabe (IMA), ancien doyen de la Faculté des Sciences Humaines et Sociales- Université Euro-méditerranéenne de Fès. Il a publié plusieurs livres en France : Les villes impériales du Maroc, Bayard, 1999 ; Fès, la ville essentielle, ACR, 2003 ; Maroc, les palais et jardins royaux, Imprimerie nationale / Malika, 2004 ; Tétouan, entre mémoire et histoire, Malika, 2005 ; Tanger, Malika / Actes Sud, 2007 ; Le Signe de la médina, la morphologie urbaine selon Roberto Berardi, en collaboration avec Francesca Privitera, Université degli Studi di Firenze, 2016.

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