Mohamed Larbi Messari : la disparition d’un homme d’esprit et de dialogue

Mohamed Larbi Messari est mort ce samedi à l’âge de 79 ans, laissant derrière lui l’image d’un grand homme de dialogue, un écrivain de talent et un grand connaisseur de l’Histoire qui forçait le respect par son érudition et son extrême affabilité.

A la fois journaliste, écrivain, historien, homme politique, diplomate et fin analyste, le défunt avait ce don rare d’exceller dans tous les domaines où il était appelé à y contribuer avec toujours cette humilité qui caractérise la démarche des hommes d’esprit, évitant avec délicatesse de se laisser entraîner dans des débats inutiles et des polémiques stériles.

Homme de plume, polyglotte, feu Larbi Messari fut pendant plus d’un demi-siècle un des penseurs et écrivains marocains les plus prolifiques et les plus sollicités, consacrant jusqu’au bout son existence au journalisme, sa passion de toujours, et à la recherche tout en assumant avec beaucoup de succès des responsabilités politiques, syndicales, gouvernementales et diplomatiques.

Homme à la plume prolifique, feu Mohamed Larbi Messari a marqué son temps par la richesse et la diversité de ses contributions dans les divers champs de la créativité et aussi en tant que fervent militant de toutes les causes en faveur du brassage culturel et du dialogue entre les divers courants de la pensée et entre les civilisations. Avec une prédilection toute particulière pour la promotion des liens d’amitié et d’échange entre le Maroc et son voisin européen le plus proche, l’Espagne. Probablement à cause de ses origines.

Dans l’un des nombreux hommages qui lui ont été rendus de son vivant, exactement lors de la 34ème édition du Moussem culturel d’Asilah (2012), le sociologue et ancien ministre de l’Education Nationale, Abdellah Saâf soulignait la singularité du parcours de Mohamed Larbi Messari dans divers champs de l’activité intellectuelle et politique, saluant son investissement total dans l’action politique et ce, depuis ses premières années de journaliste à la Radio Nationale et ensuite après, dans diverses autres fonctions au sein du Syndicat National de la Presse Marocaine, au parlement en tant que député et aussi et surtout en tant que ministre de la communication.

Notamment, pour ses contributions à la réforme du paysage médiatique national malgré le fait que son projet de réforme n’avait pas pu voir le jour à l’époque mais il n’en reste pas moins que de nombreuses propositions contenues dans son projet ont été reprises plus tard, notamment sur le registre de la préservation du statut moral du journaliste ainsi que l’organisation de la filière publicitaire.

Et également sa participation au premier colloque national sur la presse ainsi que son combat pour l’indépendance du Syndicat National de la Presse Marocaine (SNPM) et l’élargissement de son assise représentative des journalistes au lieu d’être confiné dans un cadre représentant seulement les éditeurs des journaux.

Tout en soulignant son combat politique, Abdellah Saâf avait noté que Mohamed Larbi Messari avait cette élégance d’esprit de mettre une frontière entre sa fonction politique et ses propres analyses et opinions, saluant au passage la noblesse de ses positions et son attachement aux principes.

Autre témoignage lors de cette même occasion, celui de l’écrivain disparu Abdelkrim Ghallab, son confrère et camarade de parti, qui ne cachait pas son admiration pour les contributions de feu Mohamed Larbi Messari, la profondeur de sa réflexion et son étonnante capacité d’anticiper les événements et changements, surtout dans les domaines politique et médiatique.

La mort aujourd’hui de Mohamed Larbi Messari, c’est la disparition d’une personnalité très respectée qui faisait l’unanimité autour d’elle. Un personnage singulier qui a marqué son temps par ses positions tranchées et claires.

Né en 1936 à Tétouan, feu Mohamed Larbi Messari a débuté en 1958 sa carrière journalistique à la Radio Nationale avant de rejoindre le quotidien arabophone, organe de presse du Parti de L’Istiqlal "Al Alam" où il va gravir tous les échelons jusqu’à en devenir le directeur en 1982. En 1965, il siège au conseil national du parti de l’Istiqlal lors de son 7ème congrès. La même année, il devient membre de la commission centrale avant d’être élu en 1974 à la commission exécutive du parti.

Feu Mohamed Larbi Messari qui a présidé durant trois mandats l’Union des Ecrivains du Maroc (UEM), représentera ensuite le Royaume au Brésil en tant qu’ambassadeur (1985-1991) avant de devenir plus tard ministre de la communication (1998-2000) lors du premier gouvernement d’alternance.

Président de la commission nationale pour la réforme des codes de la presse et de l’édition, feu Mohamed Larbi Messari a dirigé le comité qui a élaboré la charte d’éthique et de déontologie de l’Agence Maghreb Arabe Presse (MAP).

Parmi ses publications, on cite, entre autres, "Notre combat contre le sionisme et l’impérialisme", "Maroc-Espagne : Le dernier combat", "Bonjour Démocratie" ou encore "Mohammed V : D’un sultan à un Roi". Son dernier livre s’intitule "L’autre Espagne" qui traite des relations entre les Royaumes du Maroc et d’Espagne, son sujet de prédilection et qui faisait de lui l’un des spécialistes les plus reconnus en la matière dans les deux rives.

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