Michelle Alliot-Marie, nouveau visage de la France dans le monde

Michelle Alliot-Marie, nouveau visage de la France dans le monde
Michelle Alliot-Marie est un cas particulier dans l’équation de Nicolas Sarkozy. Pendant le tourbillon des rumeurs et des ballons d’essai, elle a été citée comme possible premier ministrable. Le président lui avait fait une grosse œillade qui n’a échappé à personne. Dans le sprint final pour la formation du gouvernement, on la disait, à l’image de Jean-Louis Borloo, autre déçu de Matignon, en dehors du casting gouvernemental sous prétexte que sa date d’utilité et de péremption politique était terminée.

Mais à l’arrivée, on la trouve non seulement ministre des Affaires étrangères et européennes, mais son dorénavant célèbre compagnon, Patrick Ollier, ministre chargé des Relations avec le Parlement. C’était sans doute le prix à payer pour accepter la sinécure de remplacer Bernard Kouchner.

Michelle Alliot-Marie est une des rares femmes politiques à avoir dirigé autant de ministères dits sensibles comme l’Intérieur et la Justice ou la Défense. La voilà aujourd’hui à la tête de la diplomatie française, un vaste chantier en ruines laissé par Bernard Kouchner, plus préoccupé à durer qu’à imposer sa marque.

Les défis ne manquent pas pour Michelle Alliot-Marie. D’abord redonner du lustre à un ministère dont les troupes semblent atteintes par la sinistrose. Dans la boulimie de Nicolas Sarkozy à vouloir tout piloter, l’action et l’initiative diplomatiques s’étaient déplacées vers l’Elysée sous la houlette du secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant et du conseiller diplomatique Jean-David Levitte.

Nicolas Sarkozy pouvait se permettre de jouer des tours à Bernard Kouchner, de le faire passer pour une icône inutile. C’étaient les petits plaisirs sadiques d’une ouverture en trompe-l’œil. Avec Michelle Alliot-Marie, une femme au tempérament trempé, à l’ego écorché vif malgré sa longue expérience politique, il lui sera difficile de jouer le même jeu même si sur l’ensemble des enjeux diplomatiques français, le président et son ministre des Affaires étrangères sont d’accord sur l’essentiel. Michelle Alliot-Marie aura pour mission de redonner confiance à ses troupes démoralisées par les coupes budgétaires et la marginalisation de leur action.

Récemment de nombreuses voix, et non des moindres comme Alain Juppé et Hubert Védrine, s’étaient élevées pour tirer la sonnette d’alarme sur les risques d’affaiblir l’appareil diplomatique français et donc la parole de la France dans le monde.

La nouvelle ministre des Affaires étrangères aura aussi la lourde tâche de redonner de la cohérence à la posture diplomatique de la France. Il est vrai que sa tâche ne sera pas impossible. Elle la commence alors que le président de la République entame une importante séquence internationale par sa présidence du G20. Michelle Alliot-Marie est la première femme à devenir ministre des Affaires étrangères. Même si les grands canaux diplomatiques lui sont encore étrangers, elle n’est pas une inconnue de la scène internationale. Son passage au ministère de la Défense lui avait garanti une certaine visibilité. Ses larges épaules d’athlète et sa démarche de militaire assuré sont reconnaissables entre mille. Tout le défi qui l’attend est de pouvoir substituer sa raideur par une rondeur qui sied au salon feutré des diplomates et à leur langue mielleuse.

(ALM)

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