Michael Cohen, l’homme qui a trahi Trump, entre en prison

Après des aveux retentissants et des auditions spectaculaires au Congrès, Michael Cohen, ex-avocat personnel de Donald Trump, est attendu lundi en prison pour purger une peine qu’il juge injuste, lui qui assure n’avoir fait qu’exécuter les ordres du président américain.

Celui qui fut un admirateur de Trump de la première heure, prêt à "prendre une balle" pour lui, doit se présenter à la prison fédérale d’Otisville, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de New York, avant 14H00 (18H00 GMT).

Il a été condamné à trois ans de prison en décembre dernier, après avoir reconnu avoir acheté le silence de deux ex-maîtresses présumées de Trump pendant la campagne 2016 – en violation des lois électorales -, avoir fraudé sur ses impôts et avoir menti au Congrès.

Michael Cohen, père de deux enfants d’une vingtaine d’années, avait espéré jusqu’au dernier moment une réduction de peine, offrant aux enquêteurs des informations potentiellement compromettantes sur Donald Trump et ses proches, notamment dans le cadre de l’enquête russe, pour qu’ils demandent au juge de réduire sa sentence.

En vain: même si l’ex-avocat est cité une centaine de fois dans le fameux rapport Mueller sur l’enquête russe, si certaines de ses révélations ont déclenché l’ouverture de nouvelles enquêtes, les procureurs n’ont pas bougé.

– "Pourquoi moi ?"

Ce fils d’un rescapé de l’Holocauste et d’une infirmière se retrouve ainsi l’un des deux seuls proches du président incarcérés pour une durée substantielle, avec Paul Manafort, ex-directeur de campagne de Trump, condamné à sept ans et demi de prison.

Une injustice totale, selon Michael Cohen, qui travailla 10 ans pour la Trump Organization et assure que tous ses actes répréhensibles ont été commis "à la demande" du magnat new-yorkais, qu’il traite désormais d’homme "sans âme" et d’"escroc" capable de vouloir garder le pouvoir s’il perdait la présidentielle en 2020.

"Comment se fait-il que je sois seul (incarcéré) ?", déclarait-il récemment au magazine New Yorker. "Je n’ai pas travaillé pour la campagne, j’ai travaillé pour lui. Pourquoi est-ce moi qui vais en prison ? Ce n’est pas moi qui ai couché avec une star du porno."

Et son avocat, Lanny Davis, d’ajouter dans un tweet vendredi que Donald Trump Junior, le fils aîné du président américain, aurait dû aussi aller en prison, puisqu’"il a signé les chèques pour faire taire" les ex-maîtresses.

Pour le président américain et ses alliés, l’incarcération de Michael Cohen, dont les révélations ont tenu les médias américains et la Maison Blanche en haleine pendant des mois, a un goût de revanche. Donald Trump l’a qualifié de "faible" et de "rat", prêt à tous les mensonges pour éviter la prison.
Ultimes déclarations

Michael Cohen, désormais radié du barreau et à court d’argent, n’a cependant pas dit son dernier mot: il a promis ce week-end – à quelques caméras qui le suivaient à Manhattan avec son fils Jake, étudiant à Miami, pour son dernier week-end de liberté – d’ultimes déclarations lundi avant de disparaître derrière les barreaux.

Et il a évoqué devant le Congrès la possibilité d’écrire un livre et de faire adapter ses expériences à l’écran.

Il suivrait ainsi l’exemple de John Dean, ex-avocat de Richard Nixon qui plaida coupable d’avoir acheté le silence des cambrioleurs dans l’affaire du Watergate, avant d’écrire plusieurs livres sur ses expériences.

Les conditions de détention d’Otisville devraient lui permettre de se consacrer au moins en partie à de tels projets.

Il devrait être détenu dans le quartier basse-sécurité du pénitencier, surnommé "le camp", où sont détenus les prisonniers considérés comme non dangereux, y compris de nombreux "criminels à col blanc" comme lui. Otisville est souvent demandé par les juifs pratiquants, car on peut y manger cacher et marquer le shabbat.

Bibliothèques, terrains de basket et de tennis font partie des distractions des quelque 120 détenus de cette aile, aux uniformes kakis, selon un récent guide des prisons fédérales américaines.

Michael Cohen peut-il espérer sortir plus vite pour bonne conduite ?

"Au mieux, il peut espérer une réduction de 15 %" – soit quelque cinq mois de moins – explique Harlan Protass, avocat spécialiste en droit pénal. Et "il passera probablement les six derniers mois de sa sentence dans un établissement correctionnel de transition", dans des conditions de semi-liberté.

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