Mgr Oscar Romero et Paul VI, figures modèles du pape François, canonisées dimanche

Le pape François va canoniser dimanche deux personnalités érigées en exemples: l’archevêque salvadorien Oscar Romero, véritable icône en Amérique latine, et le pape italien Paul VI, attaqué pour avoir condamné la pilule en pleine révolution sexuelle.

Décrit comme un homme simple et proche du peuple, Oscar Romero, né en 1917, avait pris la défense des paysans sans terre, suscitant ainsi la colère des milieux les plus conservateurs du Salvador.

Surnommé "la voix des sans voix", cet adepte de la théologie de la libération, sans être théologien, avait été assassiné en pleine messe par un commando d’extrême droite, le 24 mars 1980, au début d’une guerre civile (1980-1992) qui fit quelque 75.000 morts et 7.000 disparus.

Mgr Oscar Romero et le pape François ont en commun "l’amour des pauvres" et "un certain patriotisme positif latino-américain", analyse Roberto Morozzo della Rocca, biographe du Salvadorien et professeur d’histoire à Rome.

A l’instar du pape argentin, l’archevêque Romero fustigeait le libéralisme économique qui opprimait les plus pauvres dans son pays.

L’Eglise a longtemps bloqué toute reconnaissance officielle du prélat des pauvres. Mais deux ans après l’élection de François, le Vatican a reconnu son "martyr", ouvrant la voie à sa béatification en mai 2015 devant plus de 200.000 fidèles à San Salvador.

Sa canonisation dimanche est vécue comme une fête dans le petit pays d’Amérique centrale, où son message reste d’actualité, avec près de 30% des Salvadoriens vivant sous le seuil de pauvreté.

Le pape argentin a exprimé à plusieurs reprises sa proximité avec ce prélat conservateur du point de vue de la doctrine, notant qu’il avait été "diffamé", "traîné dans la boue", "lapidé" par certains évêques et prêtres latino-américains, avant et après sa mort. L’archevêque avait notamment été accusé d’être un "déséquilibré" et "un marxiste".

Premier pape venu du Nouveau monde, l’Argentin Jorge Bergoglio est façonné par le vocabulaire aux accents parfois révolutionnaires de son continent.

Son expérience de la crise économique argentine a aussi alimenté sa vision de "la misère des grandes villes" peuplées de paysans perdant leurs repères culturels.

Sa vision a été fortement influencée par la "théologie du peuple", la variante argentine de la "théologie de la libération", toutefois non violente et non axée sur la lutte des classes marxisante.

Paul VI, né Giovanni Battista Montini en 1897, a été pape de 1963 à 1978, achevant le concile Vatican II lancé par son prédécesseur Jean XXIII, considéré comme une adaptation majeure de l’Eglise au monde moderne. Celui qui fut béatifié en octobre 2014 est aussi celui qui dit "non" en 1968 à la pilule contraceptive, suscitant des réactions très négatives y compris au sein de l’Eglise.

Le pape François fait coïncider sa canonisation avec le synode consacré aux jeunes en cours au Vatican, honorant ainsi celui qui avait institué cette assemblée consultative des évêques. Il cite souvent les écrits de Paul VI et les deux hommes ont en commun une volonté de réforme de la Curie romaine.

Pour Mgr Guido Mazzotta, qui a travaillé sur la cause de Paul VI, le pape italien insista notamment sur la promotion humaine et la justice sociale, à l’instar de François.

Peu après son élection, Paul VI avait déposé la tiare pontificale sur l’autel de la basilique Saint-Pierre, tout comme Jorge Bergoglio a renoncé à la croix pectorale en or.

Mgr Oscar Romero avait d’ailleurs aussi trouvé un mentor en Paul VI, son ancien professeur à Rome. Il soutenait les réformes du concile Vatican II.

Paul VI doit sa canonisation au miracle présumé d’une petite fille italienne née très prématurément en 2014 malgré le percement de sa poche amniotique et les conseils d’avortement des médecins. La mère avait prié devant une relique de Paul VI dans un sanctuaire de Brescia.

L’encyclique Humanae Vitae de 1968 de Paul VI se prononce précisément contre la contraception et l’avortement pour des raisons thérapeutiques.

C’est au nom de ce même respect pour l’embryon que le pape François a comparé mercredi l’avortement au recours à "un tueur à gages", suscitant un tollé en France cinquante ans après l’encyclique décriée de Paul VI.

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