Maroc: vers une nouvelle coalition gouvernementale?

Maroc: vers une nouvelle coalition gouvernementale?
L’acceptation par le Roi Mohammed VI de la démission des ministres du Parti de l’Istiqlal (PI) a sonné la fin d’une fronde, menée avec tambour et trompette depuis plus de deux mois par le trublion Secrétaire général du PI, Hamid Chabat, contre Abdalilah Benkirane, Premier ministre et chef de file du Parti islamiste justice et développement (PJD). Dans l’attente de la formation d’une nouvelle coalition, le souverain a demandé aux ministres démissionnaires d’expédier les affaires courantes.

Est-ce la fin du populiste Hamid Chabat, le chef du PI et maire de Fès (centre)? Depuis son élection à la tête de l’Istiqlal en septembre dernier, Chabat a multiplié les sorties médiatiques contre le gouvernement Benkirane. "Il ne va pas s’arrêter en si bon chemin. L’homme a du ressort et un culot incroyable", répondent les uns, alors que d’autres au sein même de son parti lui reprochent sa "vanité" et sa "suffisance", ainsi que son côté "grand aventurier". "En optant pour une surenchère médiatique et verbale, Chabat a oublié qu’un politique doit rester, même dans l’adversité, un homme responsable", confie à Atlasinfo une source proche du PI, avant de préciser que "Benkirane n’est pas en reste".

Le conseil national de l’Istiqlal, principal allié des islamistes au pouvoir depuis un an et demi au Maroc, avait annoncé en mai dernier son retrait du gouvernement, une décision qui ouvrait la voie à un remaniement, voire à des élections anticipées.

L’Istiqlal, qui détenait cinq portefeuilles dont ceux de l’Education et de l’Economie, avait fait ce choix en raison de l’incapacité du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, à prendre "en considération la gravité de la situation économique et sociale", selon un communiqué de son conseil national.

Avec 60 sièges sur 395 à la première chambre, l’Istiqlal est la deuxième force politique du royaume après le PJD. Outre ses cinq ministres, il compte parmi ses dirigeants le président du Parlement, Karim Ghellab.

Tractations avec le RNI

En vue de reconstruire une majorité, le chef du gouvernement a pris langue trois heures durant, lundi 22 juillet, avec le patron du Rassemblement national des indépendants (RNI), l’ancien ministre des Finances Salaheddine Mezouar. Pour sauver sa tête et celle du PJD, Benkirane, qui n’est pas non plus un enfant de cœur, va multiplier dans les jours à venir les contacts avec ses "ennemis" d’hier pour en faire ses alliés de demain. Mais personne n’est dupe. "Benkirane tient à son poste de Premier ministre. Il est prêt à sceller des alliances et à faire des concessions pour y rester", estime un observateur de la scène politique marocaine.

Benkirane n’a pas toutefois complètement digéré la "trahison" de Chabat. Pas plus tard que dimanche, Il est revenu à la charge et a tiré à boulets rouges sur le Secrétaire général du PI l’accusant de manquer à ses responsabilités. "As-tu quitté le gouvernement seulement parce que tu estimes que ton parti va gagner davantage s’il passe dans les rangs de l’opposition? (…) Est-ce là la responsabilité?" a lancé Benkirane à l’adresse de Chabat.

"La décision de l’Istiqlal de se retirer n’était pas raisonnable parce que nous avions déjà entamé une série de réformes avec les ministres de ce parti", s’est lamenté le chef du gouvernement lors d’une rencontre à Rabat de l’association des médecins du PJD.

Si le RNI accepte de faire partie d’une nouvelle coalition, ira-t-il seul ou avec un allié? Des sources informées affirment que le RNI souhaiterait l’intégration aussi de l’Union Constitutionnelle (UC) au sein de la future majorité. Des dirigeants du RNI auraient réclamé 6 portefeuilles ministériels pour eux et 2 pour l’UC. Cette éventualité risque fort de mettre en rogne le PPS (ex-communistes). Cet allié du PJD au sein du gouvernement ne voit pas d’un bon œil l’arrivée de l’UC.

Pendant ce temps, une rumeur persistante laisse entendre que le PI et l’USFP (socialistes) seraient en train de cogiter pour écarter Benkirane via un amendement de la Constitution. Dans un éditorial publié lundi par le journal Al Ittihad Al Ichtiraki, organe de l’USFP, Abdelkbir Tabih, membre du bureau politique, plaide pour la désignation du chef du gouvernement du parti qui n’est pas arrivé en tête des élections législatives en cas d’échec du premier parti de former ou de maintenir la coalition gouvernementale. What else?

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