Maroc: vers une « arabisation » des chaînes publiques?

Maroc: vers une
Les cinq appels quotidiens à la prière seront obligatoirement diffusés à partir du 1er mai.

Coup de tonnerre au Maroc, dirigé depuis janvier par un gouvernement islamiste. Le ministre de la Communication Mustapha El Khalfi a annoncé l’interdiction de la publicité pour les jeux de hasard et l’obligation pour les chaînes publiques de diffuser les cinq appels quotidiens à la prière en présentant le 31 mars dernier les cahiers de charges des deux chaînes publiques (Al-Oula et 2M).

Ces nouvelles mesures, adoptées par la Haute autorité de la Communication et de l’audiovisuel (HACA), et qui doivent entrer en vigueur à partir du 1er mai, suscitent de vives réactions, y compris au sein du gouvernement de l’islamiste Abdelilah Benkirane qui dirige une coalition de partis. Mohamed Ouzzine, ministre des sports, a ainsi critiqué “l’approche” de Mustapha El Khalfi, “qui est un ministre de la communication et non un Mufti ou un Fqih (théologien) qui interdit et autorise”.

Mustapha El Khalfi a annoncé que 80% des émissions de la 1ère chaîne publique seront en langue arabe, tandis que sur la deuxième chaîne, la plus francophone des deux, seul le Journal télévisé (JT) de la nuit sera en français. Dans les milieux francophones, très influents au Maroc, cette décision est considérée comme une victoire des défenseurs de l’arabisation.

“C’est un coup d’Etat” dans le secteur de l’audiovisuel, “l’arabisation en marche”, écrit en Une le quotidien francophone Le Soir-Echos au lendemain de l’adoption des deux cahiers des charges. Contacté par l’AFP, le politologue Mohammed Darif estime que “cette arabisation des médias publics traduit aussi une réalité concrète : la domination des chaînes satellitaires arabes, comme Al-Jazeera”. “En arabisant les médias, le gouvernement islamiste tente aussi de récupérer les téléspectateurs, pour la plupart arabophones, qui ont déserté les deux chaînes publiques”, précise-t-il.

“Avant, les Marocains regardaient TV5 (la chaîne francophone, NDLR) pour s’informer. Aujourd’hui, la plupart d’entre eux s’informent grâce à Al-Jazeera”, ajoute ce spécialiste des mouvements islamistes. “Ces mesures constituent des amuse-gueules en direction des militants islamiques; elles ne font rien pour améliorer la qualité de l’audiovisuel public”, affirme pour sa part Naïm Kamal, ancien membre de la HACA qui estime à 27 millions de dirham (2, 4 M euros) le manque à gagner de l’interdiction des publicités sur la TV 2M.

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