Maroc: polémique sur une fatwa qui requiert la peine de mort pour apostasie

La publication par un quotidien marocain d’une fatwa du Conseil supérieur des oulémas (CSO) requérant la peine de mort contre tout musulman ayant abjuré sa religion a suscité une controverse au Maroc. Dans son édition de mardi, le quotidien arabophone Akhbar Al-Yaoum a publié une fatwa (avis juridique) du CSO, qui représente l’islam officiel au Maroc, autorisant « la peine de mort contre le musulman qui renonce à sa religion ».

Maroc: polémique sur une fatwa qui requiert la peine de mort pour apostasie
La publication par un quotidien marocain d’une fatwa du Conseil supérieur des oulémas (CSO) requérant la peine de mort contre tout musulman ayant abjuré sa religion a suscité une controverse au Maroc.

Dans son édition de mardi, le quotidien arabophone Akhbar Al-Yaoum a publié une fatwa (avis juridique) du CSO, qui représente l’islam officiel au Maroc, autorisant "la peine de mort contre le musulman qui renonce à sa religion".

Un an et quelques mois après l’adoption de la nouvelle Constitution, le débat sur la liberté de croyance refait surface. L’apostasie, qui signifie le renoncement par un individu adulte et responsable à l’islam, a été soulevée par le quotidien arabophone. Le journal a relancé la polémique avec un article, selon lequel le Conseil Supérieur des Oulémas (CSO) a émis une fatwa interdisant aux musulmans la liberté de croyance.

La fatwa aurait été sollicitée par la Délégation ministérielle des droits de l’Homme (DIDH), dirigée par El Mahjoub El Haiba, dans le cadre de la préparation du rapport périodique relatif aux droits civiques et politiques. Le journal ajoute également que le Conseil Supérieur des Oulémas a émis cet “avis juridique” comme une réponse officielle à la demande d’El Mahjoub El Haiba, et a affirmé que le musulman qui change de croyance mérite la peine de mort.

Tout à commencé lorsque la DIDH a adressé un courrier au ministère des Habous et des Affaires islamiques, qui l’avait fait suivre au CSO, pour se prononcer sur un certain nombre de points. L’objectif étant d’élaborer la réponse qui devra être intégrée dans le rapport pour les travaux du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui se tiendront en Suisse. C’est dans ce cadre que le Conseil Supérieurs des Oulémas a émis sa fatwa qui dit que concernant les non musulmans mais croyants dans un monothéisme reconnu, l’islam n’a rien prévu pour les contraindre à changer de religion. Il en va autrement cependant pour les musulmans : le CSO a en effet rappelé que “ l’islam ne permet en aucun cas à ces personnes (nées de parents musulmans, ou uniquement de père musulman), de quitter leur religion ou de renoncer au pacte social qui les lie.” Pour le CSO, il s’agit là d’un acte d’apostasie et de déloyauté qui expose son auteur à des peines spéciales”. Le Conseil Supérieur des Oulémas a tenu à clarifier la situation et indiqué que la réponse a été donnée en avril 2012 dans un recueil de fatwas (2004–2012), qui vient tout juste d’être publié par le CSO. Dans la page 291 de ce recueil, il est stipulé que “le musulman qui change de croyance mérite la peine de mort”. L’avis du CSO n’a pas manqué de susciter une polémique.

Dans une déclaration à l’agence MAP, le délégué interministériel des droits de l’Homme, Mahjoub El Haiba, a démenti avoir sollicité cette instance, comme l’avait affirmé Akhbar al-Yaoum.

"Je ne suis d’ailleurs pas habilité à m’adresser au CSO pour demander un avis ou une fatwa. Et je n’ai pas à commenter ce que fait une institution constitutionnelle comme celle-là", a-t-il enchaîné.

Le code pénal marocain ne prévoit pas explicitement l’apostasie, mais "quiconque tente d’ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion" encourt une peine de six mois à trois ans de prison.

Le CSO est la seule haute instance religieuse habilitée à prononcer des fatwas.

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