Maroc : les islamiques du PJD attendus au tournant sur leur programme économique (Driss Ben Ali)

Maroc : les islamiques du PJD attendus au tournant sur leur programme économique (Driss Ben Ali)
Les islamiques marocains du Parti justice et développement (PJD) ont atteint leur objectif d’arriver au gouvernement. Mais il reste à voir s’ils seront à la hauteur de leurs promesses en matière économique, déclare à l’afp l’économiste et consultant marocain Driss Ben Ali.

Le PJD prévoit un programme ambitieux en matière économique, avec 2 points de plus de croissance, et une baisse du déficit budgétaire actuellement à 6%. Est-ce réalisable ?

Le taux de croissance que propose le PJD est de l’ordre de 7%. Il entend aussi ramener le déficit budgétaire à 3% et diminuer le chômage. Dans les deux années à venir ça paraît difficile, voire irréalisable. Dans le meilleur des cas, et ça le Fonds monétaire international l’a dit, le Maroc connaîtra une croissance de 4 à 4,5%.

Le premier partenaire économique du Maroc, l’Europe, rentre dans une crise profonde. Surtout, les trois mamelles qui ont permis au Maroc de connaître une croissance rapide ces dernieres années sont les transferts des immigrés, les rentrées du tourisme, et les investissements directs étrangers. Sur ce plan il y aura certainement un recul.

Le PJD islamiste peut-il inquiéter les opérateurs économiques étrangers?

Je crois qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Sur le plan économique, il est très clair qu’il n’y a rien à lui reprocher. il maintient la ligne libérale, l’ouverture au marché mondial, la garantie des investissements extérieurs. Il n’y a dans son programme ni nationalisation, ni retour en force de l’Etat dans l’économie, rien de tout cela. De ce côté là, il n’y a aucune inquiétude à se faire.

Le PJD sait très bien aussi que le tourisme constitue un secteur important au Maroc (14% du PIB en 2010). Il y a eu d’énormes investissements, il créé beaucoup d’emplois. Et je suis sûr que là aussi ils ne vont pas changer grand chose. Au contraire, ils vont même chercher à développer ce secteur.

Qu’en sera-t-il des grands défis sociaux, la pauvreté et la corruption sur lesquels il dit se battre ?

Les enjeux ce sont: continuer et amplifier la lutte contre la pauvreté, réduire les écarts sociaux, combattre le chômage, et le PJD se propose de développer la classe moyenne. C’est un très vaste projet, je ne sais pas comment ils vont faire pour le réaliser.

Deuxièmement, la corruption: celui qui est en position de force à l’intérieur de l’Etat voudra la monnayer. L’économie marocaine est pleine de licences, d’agréments et de faveurs qui sont accordées à des gens proches du pouvoir. Ca peut aller de la licence de pêche, à l’agrément de taxi ou à la licence d’alcool. C’est ça l’économie de rente, des gens qui ne contribuent pas à créer de la valeur ajoutée mais qui disposent des revenus. Et ça c’est quelque chose auquel il faut mettre un terme.

Au total, il a un risque de décevoir. Il est là, il est très présent, et je crois d’ailleurs que les dirigeants du PJD se rendent compte, maintenant qu’ils ont réussi à faire passer leur discours au sein de la population, que tout le monde les attend au tournant.

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