Maroc: la polémique enfle dans la presse après la publication de la liste des bénéficiaires des agréments de transport

Maroc: la polémique enfle dans la presse après la publication de la liste des bénéficiaires des agréments de transport

La publication de la liste des bénéficiaires des agréments de transport continue de susciter l’intérêt des éditorialistes de la presse quotidienne de ce mardi.

Ainsi, +Attajdid+ fait état du grand débat suscité dans les milieux politiques et médiatiques suite à la publication de la liste des bénéficiaires des agréments de transport, soulignant que le débat autour de ce sujet est de bon augure mais il doit être placé dans son contexte normal, à savoir l’existence d’une expérience inaugurant un processus de réforme politique en rupture avec la corruption et la culture de la rente.

La décision de la publication des listes des bénéficiaires de ces agréments est confirmée par cinq indicateurs à savoir l’appel téléphonique de SM le Roi à Abdelilah Benkirane dans lequel le Souverain a insisté sur la mise en oeuvre de la Constitution et le refus de ce qui est contraire à cette orientation, ce qui dénote de la volonté de la Haute autorité de l’Etat de l’interprétation démocratique de la Constitution, de l’application de la loi et du soutien des décisions audacieuses du gouvernement visant à rompre avec toutes formes de corruption,

Le deuxième indicateur concerne les propos du Chef du gouvernement dans lesquels il affirme que la publication de cette liste a eu lieu avec son aval et n’est aucunement une décision unilatérale d’un département ministériel, alors que le troisième réside dans les réactions de soutien à cette décision exprimées par certains leaders politiques de l’opposition.

Le quatrième indicateur, poursuit-il, concerne la volonté réitérée par le Chef du gouvernement que la publication de ces listes n’est qu’un début car elle sera suivie par d’autres semblables touchant d’autres secteurs, ce qui témoigne, précise-t-il, de l’existence d’une volonté politique à éradiquer la culture de la rente et ses retombées néfastes, alors que le cinquième réside dans l’accueil positif par l’opinion publique de cette décision.

Et de conclure qu’en dépit de ces cinq indicateurs à la faveur de la publication de ces listes, cette initiative ne devra pas être limitée au niveau médiatique mais axée sur la concrétisation du projet de réforme du secteur du transport dans le respect des valeurs d’égalité, de justice et d’équité stipulées dans la Constitution.

Pour sa part, +Akhbar Al Yaoum Al Maghribia+ écrit que l’opinion publique a été « choquée » suite à la publication de la liste des bénéficiaires des agréments de transport qui comprend des hommes politiques, des militaires, des artistes, des sportifs, des ministres, de hauts fonctionnaires, et des femmes et hommes d’affaires qui ne sont pas dans le besoin et ont trouvé les moyens d’amasser des sommes d’argent faramineuses qui iront gonfler chaque mois leurs comptes bancaires sans le moindre effort.

L’éditorialiste, qui prévoit que l’opinion publique sera encore plus choquée en cas de publication des listes des bénéficiaires de l’exploitation des carrières de sable qui perçoivent quotidiennement des millions (de centimes) « cash », échappant à tout circuit de contrô le, rappelle que la rente est l’une des facettes de la prévarication en l’absence de la justice et de l’Etat citoyen. Il précise que l’éradication du phénomène de la rente et des privilèges est tributaire du changement démocratique profond du pouvoir et des mécanismes de gestion.

Abordant le même sujet, +L’Economiste+ souligne que la publication des noms des bénéficiaires d’agréments de transport public continue d’alimenter les débats, dont quelques polémiques à l’intérieur même du gouvernement, sur l’opportunité même de cette publication.

« Naturellement, le bon sens politique dit que la publication est une bonne idée », indique l’éditorialiste, ajoutant que « ces listes ne sont pas exemptes de problèmes et que les commentaires vont certes occuper les esprits et favoriser aigreurs et ressentiments ».

Cependant, l’auteur de l’éditorial estime que « rancune et revanche sont les outils les plus recherchés par la démagogie. Mais elles détruisent le lien social si le gouvernement ne sait pas reconstruire, immédiatement, un meilleur système de transport. Et pour cela, il faut une vision sur laquelle bâtir une politique efficace et responsable ».

De son côté, +Al Ahdath Al Maghribia+ revient sur les déclarations de Abdelilah Benkirane concernant l’existence des poches de résistance oeuvrant à faire capoter l’expérience du gouvernement qu’il dirige, sans préciser notamment la nature et le dessein de ces poches.

Soulignant que le Maroc dispose d’une nouvelle Constitution qui confère au Chef du gouvernement de nouvelles prérogatives, que le gouvernement Benkirane jouit de la légitimité des urnes et que le Chef de l’Exécutif dispose du soutien de la plus haute autorité du pays, l’éditorialiste s’interroge s’il serait acceptable aujourd’hui que Benkirane martèle sans cesse l’existence de poches de résistance pour éviter d’exercer pleinement ses prérogatives.

Pour +Le Soir Echos+, les « grimate » font des vagues. La polémique autour de la publication de la première liste des détenteurs des agréments fait toujours parler d’elle et ne cesse d’enfler. Si le département de Abdelaziz Rebbah a fait le premier pas et souhaite afficher « une volonté de transparence », qu’en sera-t-il des autres ministères concernés par les agréments liés à des secteurs bien plus sensibles ? Vont-ils suivre ?

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