Maroc: accusés d’être des « adorateurs de Satan », ils ne peuvent se marier

La justice marocaine a interdit à un Marocain amateur de rock et à sa compagne allemande de se marier, les accusant d’être des « adeptes » des « adorateurs de Satan », se basant sur les apparences notamment vestimentaires du couple, selon le jeune homme.

"C’est la deuxième fois que la justice rejette ma demande de certifier comme le prévoit la loi mon contrat de mariage avec mon amie allemande", a expliqué à l’AFP le fiancé, Amine Khairi, 26 ans.

Il a précisé avoir "répété à la justice que je suis musulman, et que je n’ai rien à voir avec ce dont ils m’accusent, je suis comme tous ces jeunes qui aiment le rock et je m’habille d’une certaine manière".

"Mais le procureur n’a pas pris mes remarques au sérieux, et il m’a été notifié que la police avait enquêté et découvert que j’étais un adorateur de Satan", a-t-il ajouté.

Dans la décision de justice émise en début de semaine et dont l’AFP a eu une copie, Amine Khairi "est considéré comme adepte des adorateurs de Satan, faisant le commerce de vêtements et outils liés à ce courant, jusqu’en 2008". En dépit de ses déclarations sur le fait qu’il est musulman et qu’il "n’est plus adepte de cette idéologie depuis 2008, ses idées et comportements ainsi que la nature de son commerce démentent cela".

En outre, "l’apparence" de la ressortissante allemande de 25 ans qu’il souhaite épouser "montre qu’elle aussi appartient au même courant", ajoute la décision de justice.

Le juge chargé de les marier à Agadir, estimant que "de telles idées étaient contraires à l’ordre général au Maroc", a ainsi décidé de "refuser la demande" d’effectuer le mariage conformément à la loi marocaine.

M. Khairi a dit avoir été informé par ses avocats que cette décision était "définitive et irrévocable". "Même si l’on se mariait en Allemagne, je serai arrêté à mon retour au Maroc pour +pratique de la prostitution+ (…) car non marié selon la loi marocaine".

En 2003, 14 jeunes amateurs de hard rock, soupçonnés de "satanisme" avaient été condamnés à des peines de prison pour "actes pouvant ébranler la foi des musulmans".

Leur condamnation avait suscité une vive polémique dans le royaume, la presse et des ONG marocaines ayant dénoncé un "procès de la liberté d’expression et de la liberté de création".

La cour d’appel de Casablanca les avait par la suite acquittés ou avait réduit leur peine.

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