Maroc : Zakia Tahiri signe un documentaire émouvant sur les couples mixtes

En défilant l’histoire de ses parents, Larbi et Jacqueline-Aziza, la réalisatrice Zakia Tahiri signe un très beau documentaire sur les couples mixtes en terre marocaine.

Narjis Rerhaye (A Rabat)

"Au nom de l’amour", diffusé dimanche 7 janvier sur 2M, est le 8ème opus dédié à l’amour dans le cadre de la série « Des Histoires et des Hommes ». Carte blanche a donc été donnée à Zakia Tahiri qui a choisi de raconter l’amour à travers des tranches de vie de couples mixtes.
Son fil rouge à elle, ses parents et leur histoire. La mère de Zakia a quitté la Normandie après avoir épousé son père, un jeune bourgeois de Fès rencontré à Paris.

"Tout est parti d’une photo", dit dans un souffle la réalisatrice qui est aussi la narratrice du documentaire. Une photo jaunie, échappée de la malle à souvenirs où l’on voit la blonde Jacqueline devenue Aziza en caftan, prenant la pose à côté de la grand-mère paternelle de Zakia, ancienne esclave noire épousée par le grand-père. En ouvrant les portes de l’histoire de sa famille, la réalisatrice de ce documentaire produit par Ali’n’ production et 2M a voulu comprendre ces femmes et ses hommes que tout sépare et que l’amour réunit.

Un travail d’introspection mais aussi un parcours mnémonique au cours duquel la fille de Jacqueline et Larbi questionne, demande, cherche à savoir et à comprendre. Sans jamais juger, elle fait égrène des histoires de vie. Ces vies où tout bascule, où l’on change de pays, de culture et de religion parce qu’on aime un homme ou une femme venu(e) d’ailleurs. Zakia Tahiri le raconte simplement, sans fioriture dans une belle darija. Le téléspectateur est pris par la main, conduit vers ce continent étrange qu’est l’amour. A lui de se faire sa propre conviction. La réalisatrice est allée à la recherche de ces Histoires et de ces Hommes dont l’engagement amoureux est une belle leçon de tolérance. Fatima Chinouiya, la vietnamienne qui a suivi son soldat de mari jusque dans la campagne de Sidi Ihya El Gharb et qu’elle n’a plus jamais quitté, Leila-Nicole parlant de son mari, "Sidi Mohammed" avec un délicieux accent fassi et qu’on a du mal à reconnaître sur la photo de sa communion, Caroline, bourgeoise française aux multiples questionnements qui a choisi de vivre de manière simple au plus près des Marrakchis humbles avecYazid, l’homme qu’elle aime. Et puis il y a Tony, l’Américain né juif, devenu musulman par amour pour Fadwa l’amazigh.

"Parmi les couples que j’ai rencontrés, il y avait de la résilience pour certains. D’autres font voler en éclat les préjugés, d’autres encore, vont contre vents et marrées. Leurs histoires se construisent et se solidifient et puis on se rend compte que la valeur fondatrice des couples mixtes, c’est le respect de l’un et de l’autre. On s’additionne sans jamais se soustraire", a expliqué Zakia Tahiri dans une interview accordée au Huffpost Maghreb.

"Au nom de l’amour" part d’une histoire personnelle qui a un goût d’inachevé. Les parents de Z. Tahiri se sont séparés et Jacqueline-Aziza, sa mère, est décédée peu de temps après être retournée en France. Comme si quitter le Maroc avait été plus qu’une déchirure…

Celle qui a été actrice avant de choisir de se tenir derrière la caméra a donné à voir un documentaire à la fois sobre et poignant en allant chercher ses réponses dans les histoires d’amour de quatre couples à la fois proches et tellement différents. Des témoignages émouvants qui montrent à ceux et celles qui savent être attentifs au monde qu’il n’ y a pas de couples mixes. Juste des hommes et des femmes qui s’aiment et qui sont prêts à tout par amour…

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