Maroc : Les abolitionnistes braquent les projecteurs sur les couloirs de la mort

Les abolitionnistes marocains sont bien décidés à ne pas baisser les bras. Ce 10 octobre, la journée mondiale de lutte contre la peine de mort ne passe pas sous silence au Maroc.

 A la rencontre de la presse le 9 octobre à Rabat, la coalition marocaine contre la peine de mort a appelé le gouvernement dirigé par l’islamiste Saadeddine El Othmani à voter pour la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies relative à un moratoire sur l’application de la peine capitale. Une séance décisive pour un vote prévu en décembre 2018.

Et comme tous les ans, et sans jamais se lasser, les abolitionnistes du Maroc ont de nouveau demandé la ratification par Rabat du Deuxième protocole facultatif du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et qui abolit ce châtiment suprême.

Au Maroc, la peine de mort continue d’être prononcé par les juges, même si le dernier condamné à mort a été exécuté en 1993. Selon la coalition marocaine contre la peine de mort, 15 jugements de peine de mort ont été prononcés en 2017 au Maroc, contre 6 en 2016.

Pour Abderrahim Jamaï, le président de la Coalition marocaine et fervent défenseur de la vie et de la dignité humaine, les grâces royales qui ont profité à des condamnés à mort sont bien « la preuve » délivrée par la plus haute autorité du pays de la nécessité d’abolir la peine de mort en terre marocaine. On s’en souvient, le 29 juillet 2017 et à l’occasion de la fête du trône, Mohammed VI a accordé une grâce royale à un condamné à mort avec à la clé la commutation de la peine capitale en perpétuité. Un an auparavant, en septembre 2016 deux condamnés à mort ont bénéficié de la grâce royale voyant eux aussi leur peine commuée à la perpétuité.

Pas question pour A. Jamaï d’invoquer la charia, le caractère abjecte d’un crime ou encore la non disposition de la société de se départir de la loi du Talion. La peine de mort, explique-t-il, est une peine cruelle et inhumaine qui doit être bannie.

Cette année, la journée mondiale de lutte contre la peine de mort a retenu la thématique des « conditions de vie dans les couloirs de la mort ». « les conditions de vie des personnes condamnées à mort provoquent fréquemment une déshumanisation au mépris de la dignité des individus. Bien souvent les personnes condamnées à mort deviennent des êtres humains dans lesquels la société n’investit plus. Tout se passe comme si, avant même d’être exécutées, ces personnes n’avaient déjà plus droit à la vie, comme si elles n’étaient plus considérées comme des êtres humains ,» indique la Fédération internationale des droits de l’Homme.

Au Maroc, comme ailleurs, les conditions de vie des condamnés à la peine capitale sont extrêmement difficiles. Ceux et celles de la coalition marocaine n’ont pas manqué d’appeler à l’amélioration des conditions des condamnés à mort, mourant à petits feux dans les tristement célèbres couloirs de la mort.

Le Parlement est plus que jamais au cœur d’une réforme sociétale qui n’a pas encore eu lieu. L’institution législative fera-t-elle prévaloir le droit à la vie contre la peine de mort ? « Le Maroc n’a pas appliqué la peine de mort depuis plus de 25 ans, ce qui prouve qu’avec une volonté politique, il peut définitivement y renoncer », affirme aux journalistes Abdellah Mesdad, secrétaire général de l’Observatoire marocain des prisons
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Depuis l’arrivée des islamistes au pouvoir, la position officielle du Maroc n’a enregistré aucune évolution favorable à la suppression de la peine de mort . Les islamistes du PJD n’ont jamais caché leur refus catégorique de l’abolition de la peine capitale.

 

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