Maroc : L’histoire d’un conducteur de triporteur pour mettre fin à la « hogra »

Narjis Rerhaye (A Rabat)

C’est l’histoire d’un conducteur de triporteur qui, après avoir été humilié et maltraité par un officier de police, a été reçu par le Directeur Général de la sûreté nationale pour lui présenter des excuses au nom de la DGSN. Un happy end qui officiellement veut montrer que la police est au service du citoyen le plus modeste. « Inimaginable il y a peine quelques années ! »s’exclame cet ancien détenu des années de plomb qui n’en revient toujours pas.

L’histoire a fait le tour des réseaux sociaux. Un homme tente de ne pas se faire saisir son triporteur par une remorque. Un officier de police intervient en lui intimant l’ordre de laisser la remorque embarquer le triporteur en question. L’homme supplie, pleure, embrasse la main, puis les pieds de l’officier à la chemise blanche. Le triporteur est sa seule source de revenus. L’en priver, c’est le tuer à petits feux lui et sa famille. La haine à l’œil et la morgue en bandoulière, le représentant de la police ne veut rien entendre. Il va encore plus loin en maltraitant le conducteur du véhicule. Il le pousse, le gifle, l’insulte, l’invective.

L’humiliation fait le reste. C’est-à-dire l’insoutenable et l’indicible. « En 2018, en plein jour, dans la rue, au vu et au su de tous, un citoyen qui se bat tous les jours pour joindre les deux bouts est non seulement privé de ce qui lui permet de gagner honnêtement sa vie mais en plus il est humilié, sans le moindre respect pour la dignité humaine par une personne qui est censée représenter l’ordre », commente un défenseur des droits humains.

La scène est filmée. Diffusée sur les réseaux sociaux, la vidéo devient virale. L’indignation des internautes envahit la Toile. Le sentiment de « hogra » est insupportable. Quelques heures après la diffusion de ces images qui ont profondément choqué les Marocains, la Direction générale de la sûreté nationale entreprend de vérifier la véracité de la vidéo. Très vite des mesures sont prises. L’officier de police qui s’est rendu coupable d’humiliation et de violence verbale a été suspendu de ses fonctions et une enquête judiciaire à son encontre a été ouverte.

« Le pouvoir des smartphones et des réseaux sociaux contribue, s’ils sont utilisés loin des fake news, contribuent à la démocratisation de l’espace et au respect des libertés individuelles », fait remarquer cette spécialiste du digital tout en égrenant les combats menés sur les réseaux sociaux marocains et qui ont abouti.

Le propriétaire du triporteur a, dit-on, toujours du mal à y croire. Depuis qu’il a été reçu par Abdellatif Hammouchi, le patron de la DGSN, il est comme sur un nuage. Tous les citoyens de ce pays sont égaux, qu’ils soient nantis, modestes, vivant dans la précarité ou l’opulence, aurait fait valoir le sécuritaire. Une profession de foi essentielle en ces temps de bouillonnement social.

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