Maroc-Gouvernement une photo, une histoire…

Maroc-Gouvernement une photo, une histoire...
Il est de ces photos qui, à elles seules, écrivent des pages entières de l’histoire. Celle du Roi Mohammed VI du Maroc, détendu et souriant, recevant Abdelilah Benkirane, le nouveau chef du gouvernement, en est certainement une.

Une photo qui résume tout un processus de réformes initiées depuis l’intronisation, il y a près de onze, du Souverain marocain et qui a trouvé son aboutissement dans l’adoption, en juillet dernier, d’une nouvelle constitution, et dans l’organisation, le 25 novembre, d’élections législatives dont la transparence et l’honnêteté ont été, quasi-unanimement, reconnues par tous tant au sein de la classe politique marocaine qu’auprès des grandes capitales mondiales et des instances internationales.
Une photo qui résume également le parcours d’un homme qui a franchi bien des étapes depuis qu’il avait rejoint en 1976 les rangs de la Chabiba Islamiya (Jeunesse islamique), fondée par Abdelkrim Moutîi, aujourd’hui en exil en Libye.

Les images diffusées par les chaines de télévision de Benkirane jurant fidélité à la Religion, à la Patrie et au Roi et s’engageant à se dévouer dans l’exercice de ses responsabilités, donne toute la mesure de l’évolution intellectuelle et politique de l’homme qui, à sa sortie de prison en 1978, avait décidé d’opérer une «rupture» avec son passé révolutionnaire et d’agir dans la légalité.

Grand communicateur en dépit du fait qu’il ait parfois le verbe facile, Benkirane a donné de la verve au Parti Justice et Développement (PJD) qu’il a conduit sur une pente ascendante depuis qu’il en a pris les rennes en 2008, dix ans après sa création.
La consécration en a été une incontestable première place au dernier scrutin législatif avec un total de 107 sièges sur les 395 que compte la Chambre des représentants. Une victoire qui a ouvert grandes les portes de la primature à Benkirane, un «islamiste modéré» selon le qualificatif qui lui est attribué par les médias occidentaux.
En l’investissant de la responsabilité de former le nouveau cabinet, le Roi Mohammed VI a été respectueux, jusqu’au bout, des termes de la constitution qui prévoit la nomination du chef du gouvernement au sein du parti arrivé en tête des élections. Il s’est également conformé – bien que rien ne l’y oblige- à la règle en usage dans les Démocraties voulant que le choix à ce poste soit porté sur le chef même du parti victorieux.

Ce faisant, le Roi est allé outre les réserves que certains observateurs et analystes avaient pu exprimer à propos de la personnalité de Benkirane à qui d’aucuns reprochent son impulsivité et son emportement.
A chaque contexte cependant sa conduite. La fougue et l’ardeur sont des caractéristiques habituelles chez un chef de parti politique alors que la qualité de chef de gouvernement dicte de celui qui en est investi de faire preuve de modération et de retenue, argumente-t-on dans le clan Benkirane.
Le nouveau chef du gouvernement sera appelé à ce titre à concilier entre les avis et positions, aussi distincts soient-ils, en prenant en compte la diversité du paysage politique marocain et les intérêts suprêmes de la Nation et des citoyens.
Il devra d’autant plus le faire qu’il ne gouvernera pas tout seul et qu’il doit impérativement composer avec d’autres partis pour réunir une majorité au Parlement. Cela passe, dès à présent, par la conclusion d’ententes avec d’autres formations politiques qui voudront certainement, eux aussi, marquer de leurs empreintes l’activité gouvernementale.

Depuis la publication samedi des résultats partiels des élections qui accordaient déjà 80 siège au PJD, Benkirane a d’ailleurs multiplié les déclarations dans lesquelles il affirme l’ouverture de son parti sur les autres composantes de la scène politique, à l’exception du Parti Authenticité et Modernité (PAM) qui a «décidé de tracer une ligne rouge entre nous».
Tout en se gardant la liberté de ratisser large, les dirigeants du PJD n’ont cependant pas manqué d’exprimer leur préférence pour les partis de la «Koutla» (bloc de trois partis participant au gouvernement sortant, en l’occurrence l’Istiqlal, l’Union socialiste des Forces Populaires et le Parti du progrès et du socialisme) en raison des «affinités» existant entre les programmes défendues de part et d’autre.
Selon le secrétaire général adjoint du PJD, Lahcen Daoudi, un délai maximum de trois semaines devrait suffire pour mettre sur pied une équipe complémentaire qui s’attèlera à gérer les affaires du pays durant les cinq prochaines années en usant de prérogatives et de mécanismes nouveaux consacrés par la nouvelle constitution qui, entre autres, accorde davantage de pouvoirs au chef du gouvernement et au Parlement.
Pour les dirigeants du PJD, les deux priorités du futur gouvernement auront pour noms «Démocratie » et «Bonne gouvernance». La lutte contre la corruption sera, en particulier, un axe majeur de l’action gouvernementale dans l’objectif d’asseoir la justice sociale et de promouvoir les investissements tant internes qu’externes, ont-ils promis.

L’ouverture du Maroc sur l’extérieur et le respect des libertés individuelles sont également des gages, parmi d’autres, qu’ils fournissent à tous ceux qui ont exprimé des appréhensions au sujet de la victoire d’un parti «islamiste» au Maroc.
Des dossiers internes liés au déficit social accumulé pendant des décennies, particulièrement le problème du chômage des jeunes, et la promotion de secteurs clés, comme ceux de la santé et de l’éducation, sont des chantiers que le PJD entend également mener à leurs termes avec ses partenaires au sein du gouvernement. Des engagements à la mesure des attentes et aspirations des citoyens, celles portées par la «révolution des urnes» qu’ils ont choisi de mener massivement pour un lendemain meilleur.

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