Maroc : Dans les coulisses de la démission du ministre Daoudi

Narjis Rerhaye (A Rabat)

Au Maroc, le mouvement de boycott contre trois marques, Centrale Danone, Afriquia et Sidi Ali, a fait tomber un ministre et pas des moindres. Lahcen Daoudi , ministre islamiste des Affaires générales et de la gouvernance, a été contraint à la démission. Cette figure du PJD, connue pour ses sorties aussi intempestives qu’inattendues, quitte l’Exécutif par la petite porte et sous les huées des réseaux sociaux.

Dans la soirée du mercredi 6 juin, une réunion extraordinaire du secrétariat général du parti de la Lampe convoquée dans l’urgence acte la démission de Lahcen Daoudi, coupable d’avoir participé à une manifestation des employés de Centrale Danone organisée, la veille, devant le parlement.

Tout a donc commencé dans la soirée du mardi 5 juin. Les images du ministre des affaires générales et de la gouvernance scandant des slogans aux côtés des employés de Centrale Danone font le tour des réseaux sociaux. Indignés, les internautes laissent libre cours à leur colère : « Daoudi manifeste contre le peuple », « le ministre représente les intérêts de Danone ». Les vignettes se multiplient pour décrier l’attitude du responsable gouvernemental. Sur la Toile, Daoudi devient le synonyme du pot de yaourt.

Dans la soirée de ce même mardi, le chef de gouvernement fait savoir à travers les services de la primature son irritation. Son ministre ne l’a pas informé de sa participation à un sit in pour défendre les intérêts d’une entreprise détenue à 90% par le groupe français Danone. Au téléphone, Saadeddine El othmani dit à Lahcen Daoudi tout le mal qu’il pense de cette démarche « inappropriée ». Les fuites s’organisent. Il faut faire savoir que le chef de gouvernement et leader du PJD n’a jamais donné son accord pour qu’un membre de son gouvernement manifeste aux côtés des salariés de Centrale Danone et que, plus encore, il condamne une telle participation. Ce mardi soir, on l’imagine, El othmani a dû avoir une très courte nuit de sommeil.

Les choses ne s’arrêtent pas là. Dès mercredi matin, un communiqué mis en ligne par le site officiel du PJD qu’une réunion urgente du secrétariat général du PJD est programmée en début de soirée. Un seul ordre du jour au programme : "les implications de la participation de Lahcen Daoudi à une manifestation devant le Parlement mardi soir". Tout au long de la journée, les rumeurs vont bon train. La démission du ministre Daoudi est dans tous les pronostics alors que le principal concerné, d’habitude loquace ne répond plus au téléphone.

Aux environs de 21heures 30, le verdict tombe. Daoudi quitte le gouvernement après avoir présenté sa démission aux « frères » du secrétariat général du PJD. La direction du parti de la lampe est formelle. Le ministre démissionnaire a « mal évalué » sa participation à une telle manifestation et il fait preuve « d’un comportement inapproprié ».

A présent, le chef de gouvernement doit transmettre la démission du ministre des affaires générales et de la gouvernance à Mohammed VI. En vertu de l’article 47 de la constitution, Saadeddine El othmani peut demander au chef de l’Etat « de mettre fin aux fonctions d’un ou de plusieurs membres du gouvernement du fait de leur démission individuelle ou collective ».

Daoudi sera-t-il le seul à quitter un gouvernement qui a montré toute son incapacité à gérer la crise du boycott ? Ce jeudi 7 juin, c’est toute la question qui traverse le Landerneau politique marocain.

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