Maroc/Algérie…Une compétition inégale

Ces derniers temps, l’actualité africaine a donné à l’opinion internationale l’occasion d’assister à une intense compétition diplomatique entre le Maroc et l’Algérie sur les territoires africains.

Par Mustapha Tossa

Certains pourront utiliser le terme de "guerre de tranchées diplomatiques" sans risque d’être accusés de grossir le trait. Enjeu de ce bras de fer, le retour en force du Maroc à l’union africaine. Ce qui suppose, sinon l’expulsion des séparatistes du Polisario de l’organisation Africaine ou du moins le gel de sa présence jusqu’à ce que le processus onusien en cours aboutisse à son terme. Pour accélérer ce retour, Le Roi Mohammed VI effectue des tournées africaines qui embrassent aussi et surtout des pays jadis connus pour être des bastions de sympathies et de soutiens au Front Polisario comme le Nigeria ou la Zambie.

Depuis longtemps, la stratégie de retour africain opérée par la diplomatie marocaine semble inquiéter lourdement le voisin algérien, l’unique parrain militaire, diplomatique et économique du Front Polisario. C’est pour ces raisons qu’il s’emploie comme cela était prévisible à tenter de torpiller les efforts marocains en allumant des contre feux et en montant des opérations de sabotage comme celle dont le secrétariat de l’Union africaine, censé avoir de simples responsabilités administratives, s’est rendu coupable au point de pousser le ministère marocain des affaires étrangères dénoncer des "obstructions".

Cette compétition entre Rabat et Alger sur les théâtres africains impose aux observateurs une comparaison entre les deux puissances à échelle des atouts et des handicaps. La première image qui frappe les esprits se trouve à échelle de l’icône et du symbole. Le Maroc dispose d’un Roi jeune, dynamique, actif qui survole les espaces africains avec en bandoulière une réelle passion pour ce continent et un engagement profond pour son développement. Tandis que le pouvoir en Algérie, maladie présidentielle oblige, se délite dans des luttes d’appareils et de clans, sources de grandes inquiétudes et d’angoisse pour l’avenir de la région.

Ensuite vient la relation "charnelle" qu’entretiennent les deux pays avec l’objet de la grande discorde qu’est le Polisario. Tandis que les marocains ont montré durant ces quarante années de conflit une union sacrée à toute épreuve qui dépasse largement tous les clivages politiques. La question de l’unité du royaume et de son intégrité territoriale est un des grands et indiscutables consensus de la politique marocaine. En Algérie, le Polisario avec ses nombreux séquestrés à Tindouf n’est qu’un simple dossier de l’armée algérienne. La diplomatie militaire de ce pays l’utilise comme une carte de pression et de manipulation pour affaiblir le voisin marocain et tenter de ralentir sa progression. Même armés, nourris et logés à coup de millions d’euros, les mercenaires du Polisario ne sont pas parvenus à arracher une adhésion populaire algérienne. Le citoyen algérien reste indifférent. Et quand l’occasion lui est offerte, il exprime rejet et incompréhension. D’ailleurs de nombreuses voix commencent à le dire ouvertement: comment se fait-il qu’un État qui ne parvient pas à assumer les besoins de base de ses propres citoyens puisse continuer à investir des sommes colossales pour nourrir un mythe et alimenter un fantasme?

Le troisième niveau de comparaison qui consolide ce sentiment de compétition inégale est celui du politique. Le Maroc dispose d’un pouvoir solide, d’une vie politique énergique, d’un environnement économique ouvert à la compétitivité. La venue de nombreuses sociétés mondiales sur son territoire et les lourds investissements qu’elles apportent avec elles pour participer aux gigantesques projets structurants témoignent du précieux pari sur sa stabilité. Le Maroc inspire la confiance.

En face, un pays verrouillé, une vie politique sclérosée, un avenir incertain, une lutte d’influence entre des clans qui peut du jour au lendemain jeter à nouveau le pays dans les affres d’un affrontement clanique sans merci. Et même, à titre d’illustration, quand l’appareil algérien veut s’adonner aux plaisirs de "la soft power" en organisant un Forum africain pour les investissements, il donne le pitoyable spectacle d’un amateurisme achevé et d’un sectarisme à toute épreuve. La déliquescence de l’Etat était visible pour tout le monde. L’Algérie d’aujourd’hui est source d’interrogations angoissées pour l’ensemble de ses voisins et de ses partenaires.

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