Marine Le Pen au Liban pour un premier tête-à-tête avec un chef d’Etat

En quête de crédibilité internationale, Marine Le Pen va, pour la première fois, lundi à Beyrouth rencontrer un chef d’Etat étranger en exercice, le président libanais Michel Aoun, alors qu’elle peinait jusqu’ici à dépasser son cercle d’alliés européens.

Lors de ce voyage, repoussé à plusieurs reprises, la candidate à l’élection présidentielle va rencontrer "des personnalités, des autorités politiques et religieuses de premier plan", se félicite-t-on dans son entourage.

Mme Le Pen avait salué l’élection de M. Aoun, le 31 octobre. Elle verra aussi Saad Hariri, hostile au régime syrien de Bachar al-Assad soutenu par le Front national, qui est à la tête depuis mi-décembre d’un gouvernement réunissant l’ensemble de l’éventail politique, à l’exception du parti phalangiste (chrétien).

Les deux têtes de l’exécutif libanais ont déjà rencontré le 24 janvier l’un des principaux rivaux de Mme Le Pen à la présidentielle, Emmanuel Macron, mais pas François Fillon, qui a annulé son voyage en raison de l’affaire sur les emplois présumés fictifs de sa famille.

Pour la présidente du FN, cette première vise à renforcer sa stature internationale, selon son entourage : elle n’a, officiellement, jamais rencontré de chef d’Etat étranger en exercice.

De même source, on jure toutefois que "ce n’est pas la première fois" qu’elle voit un dirigeant étranger : "les visites sont publiques ou elles ne le sont pas", lâche-t-on…

Marine Le Pen avait démenti son ancien conseiller à l’international, l’eurodéputé Aymeric Chauprade, qui avait laissé entendre qu’elle avait déjà rencontré Vladimir Poutine, le président russe.

Au menu : outre le duo exécutif lundi, le ministre des Affaires étrangères Gibran Bassil, des parlementaires francophones et un tour dans Beyrouth. Mardi, elle verra le moufti de Beyrouth, le patriarche maronite et Samir Geagea, chef chrétien maronite des Forces libanaises (droite chrétienne).

Aller au Liban, marqué par l’afflux considérable de réfugiés fuyant la guerre en Syrie, "c’est le signe qu’elle s’intéresse énormément à cette région", souligne auprès de l’AFP Wallerand de Saint Just, trésorier du FN qui fut dans les années 1990 l’un des avocats de M. Geagea, adversaire politique de M. Aoun.

Avec cette visite, Marine Le Pen veut aussi faire un geste envers les chrétiens d’Orient, selon plusieurs sources frontistes. François Fillon a beaucoup défendu cette cause.

Très peu de rencontres internationales

Ces rencontres au sommet à Beyrouth masquent toutefois sa faiblesse au plan international : depuis son arrivée à la tête du Front national, en 2011, Mme Le Pen n’a rencontré que très peu de responsables étrangers en exercice.

A son actif, fin mai 2015, une rencontre en Egypte avec le Premier ministre Ibrahim Mahlab, Ahmed al-Tayeb, le Grand Imam d’Al-Azhar, l’une des plus prestigieuses institutions de l’islam sunnite basée en Egypte, ainsi que le pape copte Tawadros II.

Mi-janvier, le chef de la diplomatie polonaise Witold Waszczykowski, après une heure et demie de discussion à Paris, a jugé "nuisible" et source de "rivalités" le projet de "réforme radicale" de l’UE de la présidente du FN.

En Europe, Marine Le Pen peut surtout compter sur ses alliés étrangers, avec lesquels elle a constitué un groupe solide au Parlement européen.

Mais son accession éventuelle à l’Elysée en mai continue à susciter une large réprobation, aussi bien dans les milieux économiques que politiques.

Sa visite au Québec en mars 2016 avait été snobée par les politiques canadiens. Angela Merkel, la chancelière allemande, a exclu de la recevoir. Son homologue espagnol, Mariano Rajoy, s’est inquiété lui d’une "catastrophe".

Présente en janvier dans la "Trump Tower", à New York, elle n’avait été reçue officiellement ni par le milliardaire installé depuis à la Maison Blanche, ni par son équipe. Sitôt élu, M. Trump avait pourtant accueilli le leader europhobe britannique Nigel Farage.

Qu’importe : Marine Le Pen entend bien profiter de la vague protectionniste et anti-immigration qui a abouti au vote du Brexit en juin en Grande-Bretagne ou à l’élection en novembre de M. Trump.

(afp)

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