Manuel Valls: la France « est en guerre contre le terrorisme, le jihadisme et l’islamisme »

Le Premier ministre français Manuel Valls a déclaré mardi que la France « « est en guerre contre le terrorisme, le jihadisme et l’islamisme radical. La France n’est pas en guerre contre une religion. Elle protègera, comme elle l’a toujours fait, tous ses concitoyens : ceux qui croient comme ceux qui ne croient pas ».
A l’Assemblée nationale, après une Marseillaise chantée à l’unisson, une première depuis la victoire contre l’Allemagne en 1918, le Premier ministre a prononcé un discours sur les réponses à apporter aux tueries de la semaine dernière, qui ont fait 17 victimes à Paris et dans sa proche banlieue.

Manuel Valls a exhorté à "la plus grande intransigeance" face à "ceux qui tentent, au nom de l’islam, d’imposer une chape de plomb sur des quartiers, de faire régner leur ordre sur fond de trafics et sur fond de radicalisme religieux".

"Quand de vrais ghettos urbains se forment, où l’on n’est plus qu’entre soi, où l’on ne prône que le repli, que la mise en congé de la société, où l’Etat n’est plus présent, comment aller vers la République, saisir cette main fraternelle qu’elle tend?", a-t-il lancé dans un discours plusieurs fois applaudi.

Ce débat, a poursuivi Manuel Valls, "n’est pas entre l’islam et la société". "C’est bien un débat que l’islam de France doit mener en son sein".

Pour le Premier ministre, qui marque une rupture avec l’"angélisme" reproché à la gauche face aux enjeux sécuritaires, "la réponse aux urgences de notre société doit être forte, sans hésitation : La République et ses valeurs. Et en premier lieu la laïcité, qui est gage d’unité et de tolérance".

L’exécutif, a-t-il promis notamment à l’adresse des bancs de la droite, répondra aux menaces avec "lucidité", mais sans céder "à la précipitation" et "aux postures faciles et stériles".

"La France n’est pas en guerre contre une religion. (…) La France est en guerre contre le terrorisme, contre les djihadistes, contre le radicalisme", a-t-il souligné.

Mesures exceptionnelles

Manuel Valls a insisté sur la persistance de "risques sérieux et très élevés" en France, "ceux liés à d’éventuels complices, ou encore ceux émanant de réseaux, de donneurs d’ordre du terrorisme international, de cyberattaques".

Il s’est engagé à un renforcement "exceptionnel" des mesures de renseignement et de surveillance de la mouvance djihadiste à l’étranger et en France – réseaux ou "loups solitaires" -, sans précipitation.

"A une situation exceptionnelle doivent répondre des mesures exceptionnelles. Mais je le dis avec la même force: jamais des mesures d’exception qui dérogeraient au principe du droit et des valeurs", a dit M. Valls, lors d’un discours devant les députés et ministres après un hommage solennel aux 17 victimes des attentats.

Appelant à "tirer des leçons" de ces attaques perpétrées par trois jihadistes français, le Premier ministre a affirmé la nécessité de "régulièrement renforcer" les "services en charge du renseignement intérieur et la juridiction antiterroriste".

"Sans renforcement très significatif des moyens humains et matériels, les services de renseignement intérieur pourraient se trouver débordés. On dépasse désormais 1.250 individus pour les seuls filières irako-syriennes" en France, a-t-il relevé, promettant d’affecter "les moyens nécessaires".

Ces nouveaux moyens "doivent permettre de renforcer les compétences et de diversifier les recrutements: informaticiens, analystes, chercheurs ou interprètes", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre a par ailleurs annoncé la création "avant la fin de l’année" de "quartiers spécifiques" dans les prisons du pays pour isoler les détenus jihadistes "considérés comme radicalisés".

Une expérience est menée depuis quelques semaines dans une prison de la région parisienne, où un quartier dédié regroupe actuellement 23 détenus.

Selon le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove, "les prisons sont un incubateur de radicalisation massive".

Manuel Valls a enfin demandé au ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve de lui adresser "sous huit jours" des propositions sur un renforcement du contrôle des réseaux sociaux "plus que jamais utilisés pour l’embrigadement, la mise en contact et l’acquisition de techniques permettant de passer à l’acte".

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