Manuel Valls au Tchad parmi les soldats français de Barkhane

Le Premier ministre Manuel Valls entame samedi à N’Djamena une visite de deux jours aux troupes françaises engagées dans le combat contre les groupes jihadistes armés au Sahel, qui le conduira également au Niger dimanche.

Arrivé vendredi soir au Tchad, Manuel Valls souhaite montrer son soutien au "dispositif" et aux militaires de l’opération Barkhane, conduite par la France avec cinq pays sahéliens (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Burkina Faso), selon Matignon.

Créée en août pour prendre le relais de l’opération Serval menée au Mali afin d’arrêter l’expansion des groupes jihadistes, Barkhane s’emploie désormais à étendre son emprise vers le nord du Niger et du Tchad, au plus près de la Libye, considérée comme le "sanctuaire" de nombre des groupes.

Manuel Valls, après une entrevue au palais présidentiel avec le chef de l’Etat tchadien Idriss Déby, se rendra au "camp Kosseï", l’importante base militaire française qui jouxte l’aéroport de N’Djaména, où sont basés quelque 1.300 militaires français. C’est là qu’est situé l’état-major de Barkhane.

Accompagné de son ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, le Premier ministre s’exprimera devant les troupes, en leur faisant part de son soutien, avant de partager leur ordinaire au cours d’un déjeuner.

Outre une inspection du détachement de l’armée de l’air (3 avions de combat Rafale) de N’Djaména, et un survol en hélicoptère aux abords de la capitale tchadienne, une rencontre spécifique est également prévue avec des soldats engagés sur les petites "bases avancées temporaires" de Faya-Largeau dans le nord tchadien et de celle de Madama, en cours d’aménagement dans l’extrême-nord du Niger.

L’état-major français veut aujourd’hui s’appuyer sur ces deux bases pour couper les voies de communications des jihadistes avec leurs bases arrières en Libye.

La France, après avoir réduit à 1.400 hommes ses effectifs au Mali, a aussi renforcé ces dernières semaines son dispositif dans le nord du pays, notamment à Tessalit dans l’Adrar des Ifoghas, après une série d’attaques meurtrières contre la mission de maintien de la paix de l’ONU (Minusma).

Tant et si bien que les troupes engagées (hors forces spéciales) dans Barkhane s’élèvent actuellement à 3.200 militaires, au-dessus de l’objectif initial de 3.000 hommes, selon une source gouvernementale.

Pour l’armée française, N’Djamena est également un carrefour crucial face au groupe islamiste Boko Haram, dont les fiefs nigérians commencent à quelques dizaines de kilomètres à peine à l’ouest de la capitale tchadienne.

– Rencontre avec Issoufou –

Dimanche, Manuel Valls poursuit sa visite au Niger, théâtre de trois attaques armées au cours du mois écoulé, signe selon des sources militaires françaises de mouvements de groupes venus du Mali et en particulier du Mujao.

Au moins trois soldats nigériens ont ainsi été blessés jeudi dans une nouvelle attaque perpétrée contre un camp de l’armée à environ 90 km de Niamey.

Le Premier ministre se rendra sur la base aérienne 101 de Niamey, d’où décollent les drones de l’armée française effectuant les missions de renseignement sur toute la zone sahélo-saharienne. Il rencontrera également le président nigérien Mahamadou Issoufou.

Si ce voyage très régalien a des accents présidentiels, Manuel Valls place en réalité ses pas dans ceux du président François Hollande, qui avait effectué un déplacement similaire au Tchad et au Niger en juillet dans le cadre d’une tournée africaine.

Aucune intention de mordre sur les plate-bandes du chef des armées Hollande, jure-t-on à Matignon. "Le Premier ministre est responsable de la défense nationale, c’est dans la Constitution" et "le déplacement a été organisé en totale coordination avec l’Elysée", souligne-t-on.

Il n’est d’ailleurs pas prévu que M. Valls annonce des changements dans le dispositif Barkhane.

Si le prédécesseur de Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault, n’avait pas fait de déplacement de ce type, François Fillon avait lui rendu visite comme Premier ministre aux soldats français en Afghanistan en 2010 et en Côte d’Ivoire en 2011.

Deuxième déplacement hors d’Europe de M. Valls, le voyage au Tchad et au Niger est aussi son plus lointain depuis sa nomination à Matignon, il y a bientôt huit mois.

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