Manifestations à Tunis contre un projet de réconciliation économique

Des partis de l’opposition et des organisations de la société civile tiennent, samedi après-midi au centre de Tunis, des manifestations contre un projet gouvernemental de réconciliation économique, en dépit de l’état d’urgence décrété dans le pays.

Les autorités tunisiennes ont, certes, refusé une autorisation légale aux organisateurs sous prétexte de sérieuses menaces sécuritaires, mais elles ont décidé de sécuriser ses rassemblements, qui se déroulent à la célèbre avenue Habib Bourguiba, haut-lieu de la contestation contre le régime déchu.

La veille, le président de la République, Béji Caid Essebsi, a reçu en audience Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire, un collectif de 11 formations de gauche, en vue d’apaiser les tensions avec le gouvernement.

M. Hammami, l’un des chefs de file de l’opposition, a déclaré à la presse que le chef de l’Etat l’a assuré qu’il demeure "le garant de la suprématie de la Constitution et des libertés, quelle que soit la conjoncture dans le pays".

Au cours d’une audience parlementaire, tenue jeudi, le ministre de l’Intérieur Mohamed Najem Gharssali a motivé cette interdiction par "l’éventualité d’infiltration de terroristes" pour détourner ces manifestations pacifiques de leur but.

Des médias locaux ont rapporté que des groupes terroristes auraient donné des instructions, via les réseaux sociaux, à leurs éléments à se joindre à la protestation, dans le dessein de "semer le chaos parmi les manifestants" et "les pousser à la désobéissance civile".

Le projet de réconciliation économique, proposé par le chef de l’Etat, vise à récupérer les capitaux ayant fui la Tunisie après la révolution, inciter les hommes d’affaires expatriés à rentrer chez eux et encourager l’arrivée des investissements étrangers.

Pour les opposants, dont la puissante centrale syndicale (Ugtt), cette loi serait un blanc-seing aux corrompus et aux corrupteurs sous l’ancien régime et une atteinte au processus de justice transitionnelle, dont la conduite revient, d’après leur vision, à l’Instance vérité et dignité, un organisme officiel.

Au lendemain de l’attaque terroriste de Sousse ayant fait 38 morts, le 26 juin dernier, les autorités tunisiennes ont décrété l’état d’urgence pour 30 jours dans le pays, reconduit pour deux autres mois le 3 août dernier.

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