Manifestation à Tunis contre la nomination du nouveau Premier ministre, figure historique d’Ennahda

24 heures après la désignation d’un nouveau Premier ministre, Ali Larayedh, qui doit maintenant former son cabinet, Quelque 3.000 Tunisiens ont défilé à Tunis, samedi 23 février. Ils réclament notamment que toute la lumière soit faite sur l’assassinat de Chokri Belaïd, le 6 février. Dans cette affaire, Ali Larayedh n’a jusqu’à présent évoqué que des arrestations, alors que les proches du défunt accusent Ennahda d’être directement responsable du meurtre. La manifestation intervient alors que les tractations ont repris ce samedi pour former un nouveau gouvernement.

Manifestation à Tunis contre la nomination du nouveau Premier ministre, figure historique d
Ali Larayedh, ministre de l’Intérieur sortant, est contesté par l’opposition laïque qui accuse le ministère de l’Intérieur d’avoir échoué à réprimer les violences islamistes.

Les manifestants ont défilé sur l’avenue Habib Bourguiba en brandissant des banderoles hostiles à Ennahda et au successeur désigné de Hamadi Jebali. "Larayedh dehors !" et "Le peuple veut la chute du régime !", scandait la foule.

Prisonnier torturé sous le régime tunisien déchu de Zine el-Abidine Ben Ali, puis ministre de l’Intérieur après la révolution de 2011, Ali Larayedh, 57 ans, est considéré comme un homme de dialogue appartenant au courant modéré des islamistes. L’ancien ministre de l’Intérieur n’a pourtant pas eu bonne presse, ces derniers mois, auprès du peuple tunisien. "Son bilan du point de vue de l’opposition est assez mitigé", reconnaît David Thomson.

L’opposition lui reproche en effet la faillite sécuritaire du pays, en proie depuis plusieurs mois à de multiples manifestations sociales, et une trop grande indulgence à l’égard des salafistes.

"Larayedh n’est pas un homme de consensus", a déclaré Nejib Chebbi, le dirigeant du Parti républicain. "Il a échoué en tant que ministre de l’Intérieur", a-t-il ajouté.
Larayedh a été très critiqué pour n’avoir déployé qu’un dispositif de sécurité minimal autour de l’ambassade des États-Unis, le 14 septembre 2012, alors que les islamistes radicaux appelaient à manifester devant le bâtiment. L’opposition lui reproche également son laxisme lors de l’attaque d’une exposition d’art contemporain, en juin dernier.

"Responsable" de la mort de Belaïd

Surtout, depuis le 6 février, jour de l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd, la colère d’une partie des Tunisiens a redoublé à son égard. Les proches de la victime l’accusent d’avoir failli à assurer la sécurité du leader de gauche. Plusieurs milliers de personnes s’étaient d’ailleurs réunis le 6 et 7 février devant le ministère de l’Intérieur pour réclamer sa démission.

L’ancien Premier ministre Hamadi Jebali avait refusé, jeudi, la proposition d’Ennahda de le reconduire dans ses fonctions. Il avait auparavant renoncé à son poste après le rejet par son propre parti de l’idée d’un gouvernement de technocrates apolitiques.

Moncef Marzouki a souhaité que le nouveau Premier ministre s’attèle "le plus rapidement possible" à la formation de son cabinet. Le parti islamiste a promis de former un gouvernement d’ouverture mêlant personnalités politiques et technocrates pour sortir de la crise politique.

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