Mali : difficile déploiement de l’administration DE Bamako à Kidal (nord)

La situation demeure tendue à Kidal où des partisans des rebelles touaregs rejettent la présence de représentants de l’autorité administrative de Bamako dans cette ville du nord-est du Mali pour préparer la tenue des élections du 28 juillet, conformément à l’accord de paix signé en juin à Ouagadougou, selon des sources concordantes.

"Le gouverneur de Kidal, qui devait quitter mardi Bamako pour regagner son poste, n’est pas parti pour des raisons de sécurité, alors qu’il doit être sur place pour organiser l’élection ", a expliqué un fonctionnaire du ministère de l’Administration territoriale.

Depuis février, la ville de Kidal était occupée par les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), jusqu’à ce que l’arrivée, le 5 juillet, de quelque 150 soldats maliens ne vienne entériner leur cantonnement, dans le cadre de la mise en uvre d’un accord de paix signé à Ouagadougou. Mais depuis, la tension est vive à Kidal, berceau des Touareg, où, selon des témoins, les manifestations pour et contre la présence de l’armée malienne se succèdent compromettant sérieusement la tenue du scrutin du 28 juillet.

Selon l’armée malienne, le MNLA a "violé" cet accord et tente de "manipuler" les habitants touareg de la ville."Le MNLA a mobilisé femmes et enfants à Kidal, pour jeter des pierres sur les populations noires, sur les militaires africains et maliens. C’est une grave violation de l’accord de paix" de Ouagadougou, a déclaré le lieutenant-colonel Diarran Koné, un responsable de l’armée. Selon lui, "les manifestants, manipulés par le MNLA, ont blessé trois militaires africains de la Mission de stabilisation de l’ONU au Mali (Minusma) et caillassé trois véhicules de l’armée malienne dont une ambulance".Un soldat français de l’opération Serval a également été " légèrement blessé" par un jet de pierre, selon des sources militaires concordantes.

Une source africaine de la Minusma, présente à Kidal aux côtés de l’armée française, a affirmé que plusieurs dizaines de civils maliens s’étaient "réfugiés" dans un camp militaire de la ville où se trouvent des soldats maliens, français et africains.Les habitants "subissent des représailles de la part de groupes touareg armés" pour avoir manifesté leur joie à l’arrivée des soldats maliens dans la ville qui étaient occupée par la rébellion touareg depuis février, a ajouté cette source.

Cette tension dans la ville et la crainte que le premier tour de la présidentielle ne puisse s’y dérouler normalement a poussé Tiébilé Dramé, candidat à la présidentielle et artisan de l’accord de Ouagadougou au nom du gouvernement de transition à Bamako, à demander lundi à la Cour constitutionnelle un report du scrutin."Au nom du candidat Tiébilé Dramé, je viens de déposer une requête à la Cour constitutionnelle pour l’annulation du décret convoquant le collège électoral, pour violation grave de la loi", a déclaré à un avocat de M. Dramé."Il y a violation de la loi, parce qu’elle dit que le collège électoral ne peut pas être convoqué tant que les listes électorales ne sont pas établies" sur l’ensemble du territoire national "or, les listes électorales des 13 communes de la région de Kidal (nord-est) ne sont pas établies", a fait valoir l’avocat.Ces tensions à Kidal surviennent alors que le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a écarté mardi tout report du premier tour de l’élection présidentielle du 28 juillet. Lors d’une rencontre avec les 28 candidats à la présidentielle, M. Traoré a déclaré qu’un " report de quelques mois ne règlerait pas les questions techniques fort judicieuses que certains ont soulevées. ( ) Tous les candidats sont à égalité devant les insuffisances, et les imperfections relevées ici et là " , a-t-il dit.

"Il ne saurait y avoir d’élection parfaite, encore moins dans un pays en sortie de crise " , a encore estimé Dioncounda Traoré, qui a affirmé avoir "la conviction que les imperfections du processus électoral peuvent être compensées par l’esprit civique, patriotique, des électeurs, des candidats ".

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