Maduro réplique à Trump et expulse ses représentants au Venezuela

Le président vénézuélien Nicolas Maduro, réélu dimanche au cours d’un scrutin très largement critiqué par la communauté internationale, a répliqué mardi aux nouvelles sanctions des Etats-Unis en expulsant ses deux plus hauts représentants diplomatiques à Caracas.

"J’ai déclaré persona non grata le chargé d’affaires des Etats-Unis (Todd Robinson, ndlr) et j’annonce son départ dans les 48 heures", a déclaré le président socialiste, accusant M. Robinson de fomenter un complot militaire, économique et politique contre lui.

Nicolas Maduro a également ordonné l’expulsion du numéro deux de la mission diplomatique (les deux pays n’ont plus d’ambassadeurs respectifs depuis 2010), Brian Naranjo, qu’il a accusé d’être le représentant local de la CIA.

Il réplique ainsi au décret signé lundi par son homologue américain Donald Trump, visant à réduire la capacité du Venezuela à vendre ses actifs.

"Je rejette toutes les sanctions contre la République bolivarienne du Venezuela, car elles font du mal, elles provoquent de la souffrance au peuple vénézuélien", a déclaré le chef de l’Etat, au pouvoir depuis 2013 et réélu jusqu’en 2025.

Washington pourrait d’ailleurs ne pas en rester là, un responsable du département d’Etat ayant dit mardi que les Etats-Unis pourraient prendre des "mesures réciproques appropriées" une fois reçue la "notification de la part du gouvernement vénézuélien à travers les canaux diplomatiques" de l’expulsion de leurs deux diplomates.

Ces nouvelles sanctions américaines s’inscrivent dans le concert de critiques internationales après la victoire de M. Maduro, 55 ans, avec 68 % des voix contre 21,2 % à son principal adversaire, Henri Falcon, 56 ans, dans le contexte d’une abstention record de 54 % et d’un boycott par l’opposition qui dénonçait une "supercherie".
"Irrégularités" selon l’UE

Les résultats annoncés, qualifiés de "farce" par les Américains, ont été aussi rejetés par le Groupe de Lima, une alliance de 14 pays d’Amérique et des Caraïbes qui comprend l’Argentine, le Brésil, le Canada, la Colombie et le Mexique. Ils ont rappelé dès lundi leurs ambassadeurs au Venezuela.

Mardi, Bruxelles a également haussé le ton : "L’Union européenne envisage des sanctions", a fait savoir la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini, dénonçant notamment de "nombreuses irrégularités signalées le jour du scrutin, y compris l’achat de votes".

Du côté de la France, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Agnès von der Mühll, a jugé que l’élection ne pouvait "pas être considérée comme représentative en raison des entraves posées à la participation de plusieurs partis et leaders d’opposition".

Face à ces critiques, Caracas reste inflexible et crie au complot.

"Nous n’avons jamais vu une attaque internationale aussi impitoyable que celle menée contre ce processus" électoral, a dénoncé mardi la présidente du Conseil national électoral (CNE), la chaviste Tibisay Lucena, à l’occasion de la cérémonie de proclamation officielle de l’élection de M. Maduro.

Le ministère des Affaires étrangères a quant à lui fustigé "le lynchage politique et financier" du Venezuela par les Etats-Unis, où gouverne un "régime suprématiste, raciste et interventionniste (…) inspiré par les postulats néfastes du Ku Klux Klan".

Débâcle économique

Malgré cette attitude frondeuse sur le plan diplomatique, le Venezuela ne peut cacher sa débâche économique : autrefois le pays le plus riche d’Amérique latine grâce à ses immenses réserves pétrolières, il n’est plus que l’ombre de lui-même, se débattant entre hyperinflation et graves pénuries d’aliments et de médicaments.

La crise a déjà fait fuir à l’étranger des centaines de milliers de Vénézuéliens, mais M. Maduro assure que la faute en revient à la "guerre économique de la droite", soutenue par Washington. Il promet une "révolution économique" porteuse de prospérité pendant son second mandat.

"Ce qui se profile à l’horizon, c’est un plus grand isolement diplomatique et commercial et plus de difficultés pour accéder au crédit et au financement", estime l’analyste Diego Moya-Ocampos, du cabinet britannique IHS Markit.

Les Etats-Unis agitent déjà la menace d’un embargo pétrolier, dont les conséquences seraient redoutables pour le Venezuela, qui leur vend un tiers de son brut et est classé en défaut de paiement partiel par les agences de notation.

"Le Venezuela commence déjà à subir un boycott économique de la part des Etats-Unis et de leurs alliés et cela va être fatal au maintien du régime", assure à l’AFP l’expert en relations internationales Carlos Romero.

Après le vote, le président Maduro a appelé à un "dialogue" mais l’opposition, bien que divisée, le refuse et appelle à de "vraies élections".

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