Macron et le coup de La baraka permanente

par Mustapha Tossa

Il y a une question qui taraude les esprits de la politique française, qui habite dans tous les sous-titres des ses interrogations : Qui dans l’actuelle opposition dispose des qualités et des capacités nécessaires pour croiser le fer avec Emmanuel Macron dans la perspective d’un duel présidentiel à venir et le battre ? Cette préoccupation qui existait déjà depuis que les extrêmes, droite et gauche, se livrait à ce concours pour s’emparer de la palme du meilleur opposant à Emmanuel Macron. Elle devient insistante depuis l’irruption de deux événements essentiels: le crash médiatique du nouveau chef de la droite et ce qu’il révèle comme tempérament instable et immature de Laurent Wauquiez et le débat des primaires du Parti socialiste et ce qu’il montre de terriblement ancien et inefficace chez les compétiteurs pour l’obtention de la rose du PS, soudain moins attractive et moins moins reluisante entre leurs mains.

Quand Emmanuel Macron jette un coup d’oeil sur les multiples perspectives de son opposition, que peut-il réellement voir sinon un champs de ruines en plein recomposition, incapable de laisser apparaître les traits d’une personnalité susceptible d’incarner les frustrations à venir et le légitime désir d’alternance politique. Il est vrai que même pour le phénomène Macron, les ingrédients d’une naissance politique et les défis son lancement ont pris de court l’ensemble de la classe politique, y compris ses géniteurs, mais la rééditions d’un tel exploit paraît brusquement impossible, tant les appareils actuels des partis politiques paraissent se scléroser aujourd’hui sur les logiques de leurs propres paralysies.

Le Front National qui s’apprête à se livrer à une opération de relookage en changeant de nom et d’identité visuelle n’est pas encore parvenu à surmonter les fissures de sa cuisante défaite morale à la présidentielle. Son icône, Marine Le Pen, malgré tous ses efforts d’apparaître comme la porteuse d’espoirs, peine à convaincre. Son discrédit est si profond que la seul raison invoquée pour se maintenir sur les estrades est qu’il n’y a personne d’autre qu’elle, pour le moment, pour porter efficacement la parole et les couleurs du Front National. Dans leurs désespoirs, les détracteurs de Marine Le Pen commencent à lorgner du côté de la nièce Marion Maréchal Le Pen, partie fricoter avec les conservateurs américains qui ont porté Donald Trump à la Maison Blanche. Mais même cette piste n’est pas de nature à susciter les enthousiasmes. Elle maintient les ambitions de l’extrême droite dans une logique dynastique qui a montré ses limites et ses failles.

Chez « la France insoumise » de Jean Luc Mélenchon, la messe semble dite. Ce nouveau parti qui ambitionne d’incarner les espoirs de la gauche s’est enfermé dans des postures si clivantes qu’elles participent à construire son propre plafond de verre. Si Jean Luc Mélenchon et les nouvelles personnalités qu’il participe à mettre en scène, tribune parlementaire et curiosité médiatique aidant, personnifie une voix visible et marquée qui s’oppose et qui exprime une tonalité politique différente, il montre par la même occasion son incapacité à élargir le cercle traditionnel des ses fidèles. Et comme l’audience détermine les alliances, il est difficile d’anticiper sur les autres forces politiques qui pourraient mettre leurs énergies et leurs dynamiques au services d’un chef de la France insoumise et menacer sérieusement Emmanuel Macron.

A droite où les Républicains viennent de se trouver un chef, le réveil fut fracassant. Laurent Wauquiez a élaboré une stratégie de poker menteur à hauts risques. Il court frénétiquement derrière l’extrême droite. Sa captation de ses thèmes et de ses discours frisent le mimétisme désobligeant. Et il établit une rupture frontale avec l’actuel président qu’il accuse de tous les maux, y compris d’être allergique aux terroirs français. Ces options auraient pu être celles d’une homme qui se cherche des marques et un angle d’attaque pour exister, mais quand cela se transforme en une entreprises pour jeter le discrédit sur son proche entourage et ses alliés intimes, le discours de Laurent Wauquiez se transforme en une logique suicidaire qui tue dans l’œuf son ambition d’être demain l’homme du rassemblement capable de faire revenir la droite à l’Elysée.

En Face, il y a ce Parti socialiste qui se cherche un chef et un projet. Le débat télévisé sur les primaires a fini par tuer toutes les illusions. Ce parti a montré son incapacité chronique à enfanter un leadership capable demain d’être plus audible et plus efficace que ces concurrents et de peser sur les futurs équations électorales. Quand l’homme qui dispose de la plus grande notoriété et du discours le plus construit est Stéphane Le Fol, ancien ministre intime de François Hollande, élu député grâce à une mystérieuse bienveillance de L’équipe Macron, la question des capacités du Parti socialiste et de son futur chef à peser sur la balance se pose sérieusement. D’où ce constat: Face à cette opposition éclatée, minée par ses contractions et se paralysies, Emmanuel Macron a de fortes chances de subir le ruissellement du « coup de la baraka permanente ».

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