Macron et Trump unis pour le D-Day et la liberté en Normandie

La France et les Etats-Unis ont rendu jeudi un hommage solennel et ému aux derniers vétérans quasi-centenaires du Débarquement allié sur les plages de Normandie, laissant de côté leurs divergences à l’occasion de ce 75ème anniversaire du D-Day.

"Nous savons ce que nous vous devons, à vous, vétérans: notre liberté. Au nom de notre pays, je veux juste vous dire merci", leur a déclaré en anglais le président français avant de les décorer de la Légion d’Honneur sous les applaudissements nourris des intéressés, réunis dans le grand cimetière américain d’Omaha Beach, sur la commune normande de Colleville-sur-Mer (nord-ouest).

"Vous êtes la fierté de notre pays" leur a lancé à son tour le président américain qui, citant les noms des héros du 6 juin 1944, a provoqué les larmes des survivants massés à la tribune officielle.

Parmi eux, Jack Ewald, 94 ans, débarqué à Omaha Beach n’aurait manqué ces cérémonies "pour rien au monde". Mais il ne se voit pas en héros: "Nous n’avons rien fait de spécial. Nous nous sommes protégés les uns les autres", a-t-il assuré à l’AFP.

Temps fort des commémorations entamées mercredi en France et au Royaume-Uni, Donald et Melania Trump, arrivés main dans la main en Normandie, ont accueilli au cimetière de Colleville – territoire américain en France – le couple Macron pour une cérémonie marquée par l’émotion et par la chaleur des échanges entre les chefs d’Etat.

Devant des milliers de personnes recueillies, les vétérans américains assis aux premiers rangs de la tribune officielle avec leurs décorations et des casquettes "World War II Veteran", ont été longuement salués par les deux chefs d’Etat et ovationnés par la foule debout.

fanions sur les tombes

Sous un ciel lumineux, fanions français et américains avaient été dressés au pied des 9.387 croix blanches et étoiles de David sur le site majestueux du cimetière, parfaitement alignées sur le gazon vert face à la mer autrefois rougie par le sang.

"Il y a 75 ans jour pour jour, sur ces côtes, sur ces falaises, 10.000 hommes ont versé leur sang et des milliers ont sacrifié leur vie pour leurs frères, leur pays, et pour la survie de la liberté", a déclaré le chef de la Maison Blanche.

Puis les jets de la patrouille de France ont zébré le ciel de bleu-blanc-rouge avant un final dit de "Missing Man": une unique torche rouge en souvenir du sang versé.

Cette journée de souvenir et d’hommage au sacrifice des milliers de jeunes gens, qui débarquèrent sous la mitraille et dans la tempête a, provisoirement au moins, masqué les profondes divergences politiques entre l’Amérique et ses Alliés.

"L’Amérique n’est jamais aussi grande que lorsqu’elle se bat pour la liberté des autres", a toutefois plaidé le président Macron, appelant, devant son homologue américain, à ne "jamais cesser de faire vivre l’alliance des peuples libres".

Les liens franco-américains sont "indestructibles" a assuré en retour Donald Trump s’abstenant à cette occasion de ses tweets intempestifs.

Le chef de la Maison Blanche, dont l’approche des relations internationales chamboule souvent l’ordre mondial en vigueur depuis l’après-guerre, a fait montre d’une certaine sobriété depuis le début de la journée.

Avant de se retrouver pour un entretien en tête-à-tête, les deux chefs d’Etat ont échangé de nouvelles amabilités, Trump affirmant que leur relation est "exceptionnelle".

Outre les questions commerciales et internationales qui les divisent, ils devraient évoquer les propos de Vladimir Poutine: le président russe a menacé jeudi de ne pas reconduire l’important traité de contrôle des armements nucléaires START avec les Etats-Unis, qui expire en 2021.

Jeudi matin, M. Macron avait rencontré deux vieux soldats dont Léon Gautier, âgé de 21 ans lors du Débarquement et l’un des trois survivants du commando Kieffer – un groupe de volontaires français entraîné en Ecosse.

Auparavant, le président français et la Première ministre britannique Theresa May avaient lancé la journée en posant la première pierre d’un monument dédié au souvenir des militaires britanniques du Jour J, à Ver-sur-Mer.

Autre dirigeant des pays alliés, Justin Trudeau a présidé la cérémonie canadienne à la plage de Juno beach.

destin commun

S’exprimant brièvement en anglais, le président français a réaffirmé la solidité "des liens singuliers" entre la France et le Royaume-Uni, malgré la perspective du Brexit: "Quoiqu’il arrive, nous serons toujours côte à côte parce que c’est notre destin commun", a-t-il déclaré.

Mme May n’a fait de son côté aucune allusion à son départ prochain de ses fonctions, saluant dans son discours le "courage" et le "dévouement" des 156.000 hommes, dont 83.000 du Royaume-Uni et du Commonwealth, ayant débarqué en Normandie le "D-Day".

Mercredi, les 16 pays représentés ont adopté une "Déclaration" pour "faire en sorte que les sacrifices du passé ne soient jamais vains et jamais oubliés".

Étape clé de la libération de l’Europe du joug nazi, le Débarquement est le plus important de l’Histoire par le nombre de navires engagés: 6.939 navires ont débarqué 132.700 hommes sur les plages de Normandie.

Près de 3.000 civils normands ont perdu la vie les 6 et 7 juin, soit presque autant que de militaires alliés le Jour J.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite