Macron célèbre jeudi le 60e anniversaire de la Ve République

En pleine crise gouvernementale, Emmanuel Macron célèbre jeudi le 60e anniversaire de la Ve République en allant rendre hommage à son fondateur, Charles de Gaulle, à Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne) puis en prononçant un discours à Paris.

Obligé de composer avec la démission de Gérard Collomb, le chef de l’État va consacrer une bonne partie de la journée à louer la solidité de la Constitution promulguée le 4 octobre 1958, à laquelle "il est très attaché", selon l’Elysée.

Il en profitera pour "relancer" la réforme institutionnelle qui, après avoir été une victime collatérale de l’affaire Benalla, doit être de nouveau examinée "en janvier à l’Assemblée nationale", ajoute l’Elysée.

Emmanuel Macron est attendu à 10H00 à Colombey, petit village aux confins de la Champagne, de la Lorraine et de la Bourgogne, célèbre parce que le général de Gaulle y fit l’acquisition d’une belle demeure pour y séjourner loin de Paris.

C’est à l’invitation de la famille de Gaulle, notamment de son fils Philippe, âgé de 96 ans, que M. Macron effectuera une visite privée de La Boisserie où mourut Charles de Gaulle le 9 novembre 1970.

Il déposera ensuite une gerbe sur la tombe du général au cimetière, se recueillera devant l’immense Croix de Lorraine en granit rose qui culmine à 43,50 mètres, avant de visiter le Mémorial Charles de Gaulle, ouvert il y a 10 ans.

Colombey, 400 habitants, est habitué à accueillir les présidents et son maire Pascal Babouot (SE) ne s’attend pas à une affluence exceptionnelle en ce jour de semaine. De plus le village "est un lieu de recueillement, protégé, presque sanctuarisé", donc peu propice à une forte affluence, souligne-t-il.

Ce déplacement à Colombey est destiné à "rendre hommage au fondateur de la Ve République", insiste-t-on dans l’entourage du président, qui récuse toute récupération politique du gaullisme.

L’Elysée a récemment suscité une série de commentaires en ajoutant la Croix de Lorraine aux armoiries de la présidence pour marquer trois anniversaires durant le quinquennat: les 60 ans de la Ve République, les 50 ans de la mort de son premier président en 2020, et les 80 ans de l’appel du 18 juin.

Emmanuel Macron avait aussi adressé un message en faisant figurer "Les mémoires de guerre" du général de Gaulle sur son portrait officiel.

"Moins il incarne le gaullisme, plus il va en parler. Et là ça relève d’une sorte d’imposture", a dénoncé Nicolas Dupont-Aignan, le président de Debout la France.
"Crise de légitimité"

Après avoir déjeuné avec des élus locaux, le chef de l’État retournera à Paris pour se rendre au Conseil constitutionnel et prononcer un discours devant 200 invités, dont les anciens présidents Valéry Giscard d’Estaing et Nicolas Sarkozy. Une quinzaine de présidents de Cours suprêmes étrangères devraient y assister.

Il y sera accueilli par Laurent Fabius, le président du Conseil Constitutionnel, pour lequel la Constitution de 1958 a deux qualités: "la longévité et l’adaptabilité". "Ce mélange a permis de résister à beaucoup de crises", a-t-il dit, citant la guerre d’Algérie, Mai 1968 et les cohabitations.

Dans son allocution, M. Macron va dresser le constat que la France de 2018 "est semblable à celle de 1958 en ce qu’elle souffre d’abord d’une crise de légitimité et d’efficacité, c’est-à-dire de la capacité d’institutions à agir pour répondre aux problèmes de la Nation", a indiqué l’Elysée.

Dans ce contexte, il est nécessaire de mener à bien le projet de réforme des institutions dont "la seule boussole" doit être "la capacité à répondre aux enjeux (…) et non les intérêts des institutions en place".

Cette réforme vise à réduire le nombre de parlementaires et à limiter leur nombre de mandats dans le temps, mais aussi dans son volet constitutionnel à supprimer la Cour de justice de la République et à réformer le Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

Les Français sont très partagés sur le bilan de la Ve République: 49 % trouvent que les institutions fonctionnent bien et 50 % sont d’un avis contraire, selon une étude BVA. 46 % des personnes interrogées souhaitent une réforme en profondeur de ces institutions et 47 % une adaptation sans transformation radicale, en faveur d’un rééquilibrage entre les pouvoirs exécutif et législatif.

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