Macron appelle l’Europe à résister aux tentations « autoritaires »

Le président français Emmanuel Macron a mis en garde mardi, en s’adressant au Parlement européen à Strasbourg, contre "les tentations autoritaires" en Europe, appelant au contraire à "défendre fermement" une "souveraineté européenne réinventée".

"Je ne veux pas faire partie d’une génération de somnambules", a lancé M. Macron en terminant son discours devant les eurodéputés réunis dans l’hémicycle. "J’appartiens à une génération qui n’a pas connu la guerre et qui est en train de s’offrir le luxe d’oublier ce que les prédécesseurs ont vécu", a-t-il averti.

Face à des bancs largement remplis, le président français a dressé un tableau sombre de la situation du Vieux continent sur fond de montée des populismes et du sentiment antieuropéen dans nombre de pays de l’UE.

"Une forme de guerre civile européenne réapparaît" et "nos égoïsmes nationaux parfois nous paraissent plus important que ce qui nous unit face au reste du monde", a estimé M. Macron dans ses propos liminaires, applaudis par les eurodéputés à l’exception des rangs de l’extrême-droite.

-‘Souveraineté européenne’-

Ce discours était le premier prononcé devant le Parlement européen, placé sous haute sécurité, par le jeune président français, qui avait choisi "l’Ode à la joie" de Beethoven, l’hymne européen, pour célébrer son élection il y a près d’un an.

Il avait ensuite proposé, dans un discours à la Sorbonne en septembre, 80 initiatives pour "refonder l’Europe", notamment en proposant de renforcer la zone euro, généraliser le programme Erasmus et taxer les géants du numérique.

Mais cette ambition a jusqu’à présent été freinée par la longue crise politique en Allemagne et les résultats des récentes élections en Italie et en Hongrie qui ont vu la victoire de partis eurosceptiques.

"Il faut entendre la colère des peuples d’Europe. Ce n’est pas de démagogie dont ils ont besoin mais d’un projet", a précisé le chef de l’Etat français.

Ce projet doit viser à "défendre fermement une souveraineté pleine et entière" de l’Europe, a-t-il plaidé. En proposant notamment une taxe sur le numérique qui servirait notamment à financer des projets européens, ainsi qu’un programme pour financer les collectivités qui accueillent des réfugiés.

La France "est prête à augmenter sa contribution" au budget européen dans le cadre du prochain budget pluriannuel de l’UE pour la période qui s’ouvrira en 2021, a annoncé M. Macron. "Mais pour cela c’est une refondation du budget lui-même qu’il faut envisager", a-t-il ajouté, en proposant notamment la suppression des rabais "qui ne sauraient survivre au Brexit".

Il a également proposé de "rouvrir le débat sur le marché du carbone" afin de "pousser l’idée d’un prix minimal du carbone" et "d’une taxe carbone aux frontières".

-‘Retour de la France’-

Intervenant après M. Macron, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a répondu: "La vraie France est de retour. Je salue le retour de la France parmi nous". Mais, a-t-il ajouté, "n’oublions pas que l’Europe n’est pas seulement franco-allemande".

Emmanuel Macron est attendu jeudi après-midi à Berlin pour s’entretenir avec la chancelière Angela Merkel de l’avenir de la zone euro. Mais le parti conservateur de Mme Merkel a critiqué lundi notamment son idée de création d’un budget propre à la zone euro pour aider les investissements.

Répondant à M. Macron, Manfred Weber, le patron des députés du Parti populaire européen (PPE, droite), la principale force politique au Parlement, a plaidé pour "une démocratie parlementaire forte" car "si nous ignorions les souhaits des citoyens, les citoyens nous ignorerons".

Sur un ton plus virulent, l’eurodéputé belge Philippe Lamberts (Verts) a vivement critiqué "l’action en France" d’Emmanuel Macron, qui "met à mal la devise +Liberté, Egalité, Fraternité+", critiquant les ventes d’armes, le nucléaire, l’expulsion de Notre-Dame-des-Landes ou des camps de migrants.

En fin de journée, l’ambiance devrait être moins formelle au centre des congrès d’Epinal, où M. Macron débattra de l’avenir de l’UE avec 200 à 300 personnes s’étant inscrites en ligne.

Le président avait expliqué en février que l’objectif de ces "consultations citoyennes", menées dans les 27 pays de l’UE (hors Royaume-Uni), était de "libérer la parole sur l’Europe, redonner confiance et éclairer le débat" dans la perspective des élections européennes.

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