Liliane Bettencourt, questions à domicile

La police a entendu, lundi à Neuilly, la milliardaire sur les soupçons de fraude fiscale.

Liliane Bettencourt, questions à domicile
Les policiers chargés de l’affaire Bettencourt ont fait du sur-mesure, hier. Et peut-être aussi du sur place. Ils se sont rendus à Neuilly pour entendre Liliane Bettencourt à son domicile. La veille, la milliardaire était rentrée tout spécialement des Baléares pour être entendue dans le cadre des enquêtes préliminaires ouvertes par le parquet de Nanterre. Deux heures difficiles pour l’octogénaire. «Très désagréables» même, selon son entourage. Compliquées pour les policiers. Liliane Bettencourt a été entendue sur les faits de «blanchiment de fraude fiscale», et les soupçons de «financements politiques illégaux» apparus dans les écoutes réalisées par l’un des employés de la maison, et lors des interrogatoires qui ont suivi.

L’audition «s’est passée très courtoisement, s’agissant de souvenirs qui sont parfois très anciens et que ma cliente n’a pas forcément gardés à l’esprit avec détails», a commenté Me Georges Kiejman, son avocat. Pouvait-elle répondre ? Sur une durée d’un an, les écoutes ont montré sa méconnaissance de la plupart des sujets financiers qui lui étaient exposés. «Je n’y connais rien», avait-elle lâché alors qu’on tentait de lui expliquer les jeux financiers concernant l’île d’Arros, acquise en 1999. Et à propos de comptes en Suisse : «Vous savez combien j’ai là-bas ?» La milliardaire a été questionnée, hier, sur l’île d’Arros, et ses collaborateurs ont prévu de remettre ultérieurement à la police «une note» complémentaire sur «le statut juridique de l’île». Liliane Bettencourt a botté en touche sur la question des fonds versés aux politiques. «Sur le financement des partis politiques, elle a confirmé que ça n’a jamais été son centre d’intérêt, a indiqué Me Kiejman, c’était plutôt celui de son mari», l’ancien ministre et sénateur André Bettencourt.

oublis. Les témoignages recueillis depuis dix jours par la juge Isabelle Prévost-Desprez, qui instruit un «supplément d’information» sur un autre volet de l’affaire, «l’abus de faiblesse» reproché au photographe François-Marie Banier, décrivent une milliardaire alternant «des moments de lucidité et des moments de faiblesse», contrainte de s’entourer de pense-bêtes. «Dans ces moments-là, elle n’est plus du tout sûre de ce qu’elle fait, et ne sait même plus ce qu’elle a signé dans les quinze jours qui précèdent», a indiqué l’ex-comptable Claire Thibout. Les écoutes confirment très largement ces oublis. Lorsque le notaire évoque sa succession, Liliane Bettencourt s’étonne : «J’avais laissé à François-Marie combien ? Quelle proportion ? – Légataire universel, répond le notaire. – C’est-à-dire ? – Tout. – Ah non… – Et si ! C’est vous qui me l’avez dit. – Non allons, il ne faut pas, il faut régler ça tout de suite.»

Parallèlement à sa plainte, Françoise Meyers- Bettencourt a demandé la saisine du juge des tutelles au parquet de Nanterre, qui a jugé cette demande irrecevable, jeudi, faute de certificat médical de sa mère. En réalité, un certain nombre d’attestations figurent au dossier d’abus de faiblesse qui évoquent une leucoaraïose – un processus de raréfaction de la substance blanche du cerveau – provoquant des troubles neurologiques épisodiques et des pertes de mémoire. Vendredi, la milliardaire s’était déclarée «soulagée» du rejet de la demande de sa fille. Et son avocat a évoqué la possibilité d’une révocation d’une partie des donations effectuées par Liliane Bettencourt au bénéfice de Françoise Meyers.

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