Libye: le gouvernement d’union rejeté malgré la pression internationale

Les espoirs d’une sortie de crise en Libye ont été encore douchés lundi avec le rejet du gouvernement d’union nationale qui avait été formé il y a une semaine sous la pression de la communauté internationale.

Les députés du Parlement reconnu internationalement ont refusé d’accorder leur confiance à ce gouvernement d’union composé de 32 ministres censés représenter les différentes régions du pays.

"Des 104 députés présents aujourd’hui, 89 ont dit non", a indiqué à l’AFP l’un d’eux, Ali al-Gaydi, à l’issue de la séance du parlement réuni à Tobrouk (est).

Ils ont "rejeté ce gouvernement à cause du nombre des ministres" et demandé qu’une équipe plus restreinte lui soit présentée, a précisé son collègue el-Salhine Abdelnabi, laissant ainsi la porte ouverte à un éventuel revirement du Parlement.

Un vote positif est crucial pour qu’entre en fonction ce gouvernement conduit par l’homme d’affaires tripolitain Fayez el-Sarraj. Il doit représenter une étape importante dans l’application de l’accord politique conclu en décembre à Skhirat (Maroc) sous l’égide de l’ONU entre les deux parties rivales qui se disputent le pouvoir.

La communauté internationale compte sur ce gouvernement pour lutter plus efficacement contre la menace grandissante du groupe Etat islamique (EI), actif dans le nord du pays, et l’afflux de migrants en Europe via la Libye.

Il existe aujourd’hui de facto trois autorités en Libye: le gouvernement reconnu par la communauté internationale qui siège à Baïda et contrôle une partie de l’est; celui de "salut national" qui "gère" la capitale Tripoli et des régions de l’ouest, avec le soutien de milices dont certaines islamistes.

Le pouvoir du gouvernement d’union nationale est pour le moment "virtuel", en partie basé à Tunis et sans ressources. Mais bien qu’il n’ait pas d’existence légale, son conseil présidentiel scelle ses communiqués par le sceau "Etat de Libye – Gouvernement d’union nationale" et son Premier ministre désigné Fayez el-Sarraj est reçu à l’étranger, comme à Alger lundi.

Vide du pouvoir

De profondes divergences sont apparues au sein des deux gouvernements rivaux sur l’appui à l’accord de Skhirat, conclu après des mois de complexes négociations menées par l’ONU.

"La grande difficulté sera de faire accepter l’accord", avait prévenu avant le vote de lundi le parlementaire Fahmi Touati. "Une soixantaine de députés sont susceptibles de s’y opposer".

Sans se prononcer sur l’ensemble de l’accord, les députés ont voté lundi en faveur de la suppression d’un article qui stipulait que tous les postes éminents des institutions militaires et sécuritaires soient approuvés par le gouvernement d’union.

Cette disposition risquait de faire perdre son poste au controversé général Khalifa Haftar, commandant des forces loyales au pouvoir reconnu.

"Il y aura une séance mardi pour voter sur l’accord" à la condition que la mission de l’ONU pour la Libye, qui a travaillé pendant plus d’un an pour finaliser l’accord, accepte l’annulation de cet article, a indiqué M. al-Gaydi.

L’accord est également contesté au sein du Congrès général national (CGN), qui contrôle Tripoli depuis un an et demi.

Les tentatives pour apaiser les rivalités libyennes et stabiliser ce pays riche en pétrole ont jusqu’à présent échoué.

L’EI a profité du vide du pouvoir pour prendre le contrôle de Syrte, à 450 km à l’est de Tripoli, et ses environs. Le groupe jihadiste a récemment lancé une offensive vers la zone du "Croissant pétrolier" où sont situés les principaux terminaux pétroliers. Il compterait environ 3.000 combattants en Libye selon Paris.

Cette situation préoccupe particulièrement les pays du sud de l’Europe, dont l’Italie, et les voisins de la Libye, comme l’Egypte et la Tunisie.

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