Libye: l’émissaire de l’ONU met en garde contre un « embrasement » généralisé

L’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, a mis en garde contre un "embrasement généralisé" en Libye après le lancement par le maréchal Khalifa Haftar d’une offensive sur Tripoli, "encouragée" selon lui par les divisions internationales.

Dans un entretien exclusif à l’AFP à Tripoli, M. Salamé a estimé jeudi que l’offensive lancée le 4 avril par l’Armée nationale libyenne (ANL, autoproclamée) contre la capitale, siège du gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale, avait abouti à une "impasse".

Preuve de cette impasse, le procureur général militaire du GNA a émis un mandat d’arrêt contre M. Haftar, en réponse à un mandat d’arrêt émis par l’ANL contre M. Sarraj. Le GNA "oeuvre pour le lancement d’un mandat d’arrêt international par la Cour pénale internationale (CPI)" à l’encontre de M. Haftar, accusé de "crimes de guerre", selon un porte-parole du GNA.

A New York et à la demande de la présidence allemande, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni jeudi sur la Libye mais, divisé, n’a pas établi de stratégie claire pour réclamer rapidement un cessez-le-feu aux belligérants.

Lors d’une liaison vidéo, M. Salamé a dit aux 15 membres du Conseil qu’il était "très inquiet" à la perspective d’un embrasement ce weekend, a indiqué une source diplomatique. Les combats "se rapprochent de zones résidentielles" et "il y a des témoignages sur des renforts arrivant des deux côtés", a ajouté un autre diplomate.

Les Etats-Unis et la Russie s’opposent à un projet de résolution présenté depuis lundi par le Royaume-Uni, et réclamant un cessez-le-feu et un accès humanitaire inconditionnel aux zones de combats près de Tripoli.

Depuis la chute en 2011 du régime du dictateur Mouammar Kadhafi après une révolte populaire, la Libye est plongée dans le chaos avec de nombreuses milices qui font la loi et une lutte de pouvoir depuis 2016 entre le GNA et l’ANL de M. Haftar, l’homme fort de l’est libyen.

La reprise des hostilités risque de plonger le pays dans la guerre civile. Les combats continuent à faire rage au sud de Tripoli, les lignes de front se situant entre 12 et 50 km de la capitale libyenne, selon des journalistes de l’AFP sur place et des sources de sécurité. Les deux camps proclament quotidiennement des "avancées".

"Il y a une possibilité d’embrasement généralisé", a déclaré M. Salamé. Selon plusieurs sources, il a réclamé jeudi soir au Conseil de sécurité qu’il prenne une position forte sur les violations de l’embargo sur les armes.

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