Libye: l’avancée des antijihadistes à Syrte est ralentie

Les forces progouvernementales libyennes avançaient prudemment lundi dans Syrte, rue après rue, pour éliminer les snipers et désamorcer les engins explosifs du groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui oppose une résistance féroce dans son fief en Libye.

AFP

Après avoir rapidement progressé dans leur offensive pour reprendre cette ville du centre-nord, les forces fidèles au gouvernement d’union nationale (GNA) peinent depuis dimanche à avancer dans la zone résidentielle où sont retranchés les jihadistes, selon un correspondant de l’AFP accompagnant les pro-GNA.

Soutenues dans leur opération par l’aviation et l’artillerie lourde, les troupes du GNA se trouvent désormais aux entrées de cette zone de 5 km2 qu’elles assiègent et qui s’étend du centre de la ville côtière jusqu’à la mer, au nord.

Face aux francs-tireurs déployés sur les toits et aux engins explosifs disséminés, les forces pro-GNA se déplacent avec prudence, que ce soit dans les rues ou en entrant dans les maisons dans lesquelles se cachent parfois les jihadistes.

L’une des principales armes des jihadistes est l’attaque suicide: ils lancent leurs kamikazes à partir des quartiers résidentiels pour aller se faire exploser contre les pro-GNA. Dimanche, trois attentats suicide à la voiture piégée ont fait un mort et quatre blessés parmi les forces loyalistes.

Après ces attaques, une unité des forces du GNA a tenté un incursion dans la zone depuis l’ouest mais a dû se retirer après de violents combats avec les jihadistes.

Quatre corps de combattants en tenue militaire gisaient sur la chaussée dans le secteur, les forces du GNA affirmant qu’il s’agissait de jihadistes tués pendant les affrontements. Un membre des troupes gouvernementales a lui été blessé par un tir de franc-tireur.

– ‘Avancer malgré les difficultés’ –

"Nous allons continuer à avancer malgré les difficultés", a lancé l’un des miliciens pro-GNA.

L’un de leurs principaux objectifs est l’imposant centre de conférence Ouagadougou, où l’EI a installé son QG et centre de commandement.

Selon des sources médicales, 140 membres des forces pro-GNA sont morts et plus de 500 blessés depuis le début le 12 mai de l’offensive pour reprendre Syrte, ville située à 300 km des côtes européennes.

Il y aurait en Libye quelque 5.000 jihadistes de l’EI, selon des responsables américains, et la grande majorité d’entre eux, dont de nombreux étrangers, seraient à Syrte, conquise par l’EI en juin 2015.

La ville comptait 120.000 habitants avant sa prise par l’EI mais 75% d’entre eux ont réussi à fuir. Il y resterait quelque 30.000 civils.

Le drapeau noir de l’EI flotte sur les bâtiments publics de cette ville portuaire où ses combattants ont commis des atrocités, dont des exécutions sur la place publique.

L’opération est placée par le GNA sous un commandement conjoint basé à Misrata, à 200 km à l’ouest de Tripoli, à mi-distance entre la capitale libyenne et Syrte. Elle est menée par des milices fortement armées implantées dans plusieurs villes de l’ouest, principalement celles de Misrata qui sont les mieux armées du pays avec des avions MiG et des hélicoptères d’attaque.

– En finir avec l’EI –

Ces milices sont formées d’anciens rebelles ayant fait tomber en 2011 le régime du dictateur Mouammar Kadhafi et ayant refusé ensuite de renoncer à leurs armes.

Participent également à l’offensive les Gardes des installations pétrolières.

La lutte contre l’EI n’a été véritablement lancée qu’après l’installation à Tripoli le 30 mars du gouvernement d’union dirigé par Fayez al-Sarraj, qui, après avoir été reconnu par la communauté internationale comme la seule autorité légitime, a progressivement reçu le soutien des milices.

Avant de parvenir à Syrte à partir de plusieurs axes et d’y entrer le 8 juin, les forces du GNA ont reconquis plusieurs localités, casernes et installations aux jihadistes. Le port de Syrte, son aéroport international, une importante base aérienne et un hôpital ont été également repris ces derniers jours.

Les jihadistes se sont implantés en Libye fin 2014 en profitant du chaos politique et sécuritaire dans le pays miné par les luttes de pouvoir depuis 2011.

L’ONU, les Etats-Unis et la France se sont félicités des progrès des forces du GNA, alors que les Occidentaux cherchent à mettre hors d’état de nuire l’EI, responsable d’attentats meurtriers dans le monde, en aidant les forces antijihadistes notamment en Syrie et en Irak, où l’organisation est le mieux implantée.

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