Les socialistes français à la croisée des primaires

Les socialistes français à la croisée des primaires
Pour les socialistes français, la principale force d’opposition à Nicolas Sarkozy, l’année 2010 aura été à la fois l’année du retour de l’espérance et celle de la montée des angoisses. L’espoir qu’une alternance est possible et l’inquiétude de ne pas pouvoir en former les contours.

Alors que Nicolas Sarkozy était assuré que l’autoroute de sa réélection était pavée devant lui et qu’il lui suffisait d’un coup d’accélérateur à droite pour atteindre son objectif et réaliser deux mandats pleins, le voilà tel un combattant hésitant qui pose un genou parterre, subitement saisi par le doute, rongé par les tensions internes. Les socialistes aux aguets ont perçu les messages de son impuissance et les signes de sa détresse que traduisait une impopularité persistante. Et alors qu’ils jouaient auparavant sur le registre de la «Sarkophobie épidermique», les voilà qui tentent de développer une critique rationnelle, un réquisitoire modéré parce qu’il se voulait crédible.

Au cœur de cette tentative de renaissance socialiste, l’organisation des primaires pour que le parti puisse choisir le meilleur candidat qui va investir ses espoirs lors des prochaines présidentielles. Inspirés du modèle américain, les socialistes veulent ouvrir ce vote des primaires à tous les Français qui en font la démarche. Histoire de donner une légitimité encore plus grande à l’élu de la Rue de Solferino.

Le Parti socialiste, qui doit clore la liste des candidatures en juin prochain, est pris en tenaille entre deux exigences majeures : celle d’organiser de manière très démocratique un scrutin interne et se conformer à son résultat quel que soit le vainqueur. Et celle de sceller un arrangement d’appareil basé sur les sondages et les projections de vote et sur la puissance des réseaux au sein du PS. Actuellement, la direction du PS est tiraillée entre ces deux tendances. La première offre de l’espoir à tous ceux qui s’estiment porteurs d’un projet et d’un destin. D’où la multiplication des candidatures, même parfois les plus farfelues. La seconde a été quelque peu déflorée par les indiscrétions maladroites de Martine Aubry lorsqu’elle avait laissé entendre qu’il y avait un pacte de non-agression entre elle, Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn et Ségolène Royal.

Le combat annonçait une rencontre au sommet entre éléphants historiques et jeunes zèbres ambitieux. Le grand péché originel du PS est que son dernier congrès qui avait choisi Martine Aubry comme première secrétaire, a violé une règle non écrite de la vie politique et partisane du pays. Celle-ci qui veut que celui ou celle qui s’empare du parti sera naturellement être le porte emblème des siens dans des combats aussi cardinaux que la présidentielle. Cela a été le cas pour François Mitterrand, pour Jacques Chirac et pour Nicolas Sarkozy. Pour n’avoir pas saisi cette petite nuance, Ségolène Royal en paya le prix cher en 2007. Pour l’avoir trop bien compris mais sans réagir, François Hollande en est réduit aujourd’hui à jouer les outsiders. Or les socialistes, comme le montrent les études d’opinion, ont vécu en 2010 une situation assez paradoxale.

Insatisfaits de leur direction actuelle, ils ont passé l’année à admirer Dominique Strauss-Kahn, inversant l’adage «loin des yeux, proche du cœur». Faire les yeux doux à un astre américain qui joue les imams cachés socialistes en dit long sur leur désarroi actuel. Un bonus supplémentaire pour Nicolas Sarkozy.

(ALM)

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