Les négociateurs iraniens confiants dans l’application de l’accord nucléaire

De retour mercredi à Téhéran après avoir conclu à Vienne un accord nucléaire historique avec les grandes puissances, les négociateurs iraniens ont exprimé leur confiance dans l’application par tous d’un accord dénoncé avec vigueur par Israël et les opposants au président américain Barack Obama.

L’accord va aussi permettre à la République islamique de sortir de son isolement diplomatique. Londres a annoncé vouloir rouvrir son ambassade à Téhéran avant la fin de l’année, et le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a annoncé une prochaine visite en Iran.

"Nous allons prendre des mesures et elles (les grandes puissances) feront de même", a déclaré Mohammad Javad Zarif, ministre des Affaires étrangères et dirigeant de la délégation iranienne à Vienne, à son retour à Téhéran.

"Cela interviendra dans quatre mois", a-t-il affirmé au sujet du début d’application du texte conclu après 22 mois de négociations ardues entre l’Iran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, France, Chine, Grande-Bretagne, Allemagne).

L’accord doit rendre quasiment impossible la possibilité pour l’Iran de fabriquer une bombe atomique, tout en lui assurant le droit de développer une filière nucléaire civile. En échange, l’Iran bénéficiera progressivement d’une levée des sanctions adoptées depuis 2006 par les Etats-Unis, l’Union européenne et l’ONU et qui brident son économie.

Selon le calendrier probable, la mise en oeuvre devrait commencer en novembre 2015, et, le cas échéant, la levée progressive des sanctions en janvier 2016.

Presque unanimement salué par la presse iranienne qui se réjouit de "l’ère post-sanctions" et de la "révolution diplomatique du 14 juillet 2015", l’accord a été célébré dans les rues de Téhéran par de nombreux Iraniens qui ont exprimé la nuit dernière leur joie en dansant, en chantant et en rendant hommage à Mohammad Javad Zarif.

Méfiance dans le Golfe

Téhéran s’attend à recevoir dans les mois à venir de nombreux responsables politiques et hommes d’affaires attirés par les richesses en gaz et en pétrole de ce pays de 78 millions d’habitants après cet accord salué par une grande partie de la communauté internationale.

Mais en Israël, ennemi juré de l’Iran qui ne reconnaît pas son existence, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a dénoncé une "erreur historique pour le monde".

"Nous continuerons à dénoncer les dangers de passer un accord avec un régime dictatorial", a-t-il prévenu, décidé à poursuivre son offensive contre le nucléaire iranien.

Il va porter ses efforts sur le front du Congrès américain, où il espère mobiliser suffisamment d’élus républicains et démocrates pour bloquer la levée des sanctions économiques américaines contre l’Iran. Mais ses chances d’y parvenir sont faibles, et il va surtout, selon des commentateurs israéliens, essayer d’obtenir des "compensations" militaires américaines.

Pour tenter de le rassurer, le ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond se rendra dans la soirée en Israël, avant une visite la semaine prochaine du ministre américain de la Défense Ashton Carter.

Dans le Golfe aussi, l’accord a été accueilli avec prudence. "Les inquiétudes des pays du Golfe se résument en deux interrogations: quelles conséquences économiques d’un retour de l’Iran sur le marché énergétique ? Et quelles conséquences politiques ?" dit Abdelwahab Badrkhan, un analyste basé à Londres.

L’Iran a toujours démenti vouloir se doter de la bombe atomique, et mardi après l’annonce de l’accord, le président Hassan Rohani a redit que son pays "ne cherchera jamais à avoir l’arme nucléaire".

Il a en outre affirmé que son pays avait atteint "tous" ses objectifs avec cet accord. En effet, l’Iran n’abandonne pas ses ambitions nucléaires civiles et va poursuivre ses recherches pour décupler ses capacités d’enrichissement au terme des dix ans de pause prévus.

"Accord inacceptable"

C’est justement ce qui, outre Israël, inquiète les élus républicains américains, opposants à M. Obama.

L’accord est "inacceptable", a lâché le président de la Chambre des représentants, John Boehner. "Tout porte à croire que c’est un mauvais accord", a renchéri le sénateur John McCain. "Difficile à vendre", a abondé le président de la commission des Affaires étrangères Ed Royce.

Le Congrès, contrôlé par les républicains, n’a pas à approuver l’accord mais il a le pouvoir d’en bloquer un élément central: la suspension des sanctions américaines, contrepartie des engagements iraniens.

"Cet accord n’est pas fondé sur la confiance. Il est fondé sur les vérifications. Les inspecteurs auront un accès 24 heures sur 24 aux installations nucléaires iraniennes clés", a affirmé M. Obama.

Le président américain donnera mercredi une conférence de presse pour tenter de convaincre l’opinion publique et les alliés des Etats-Unis, dont Israël, du bien-fondé de l’accord.

Washington espère que le compromis ouvrira la voie à une coopération renforcée avec l’Iran notamment face au groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui sévit surtout en Irak et en Syrie.

Une position partagée par Moscou pour qui l’accord rend possible une coalition "élargie" contre ce groupe. Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a lui aussi estimé que l’accord était le signe d’une volonté commune de défaire l’EI.

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