Les maillons faibles de l’économie américaine sont aussi ceux que Trump aime le plus

En campagne pour un deuxième mandat à la Maison Blanche, Donald Trump proclame la renaissance de l’industrie américaine, pour reconstruire le pays avec "de l’acier américain", "l’esprit américain" et des "bras américains".

Mais, malgré un barrage de tarifs douaniers punitifs pour aider les entreprises américaines à être plus compétitives, les maillons les plus faibles d’une économie en ralentissement bien qu’encore robuste, sont aussi les secteurs que le président américain a voulu le plus aider.

"Les aciéries américaines ressuscitent dans un rugissement", a clamé le candidat Trump en Floride en juin, le jour même où US Steel –un des grands de la sidérurgie américaine– annonçait le "gel" de deux sites jusqu’à ce que "les conditions du marché s’améliorent".

– Mauvaises mines –

En Virginie occidentale, "l’industrie du charbon est de retour", a clamé le président.

Mais de fait, un marché changeant, des révolutions technologiques, mais aussi les remèdes mêmes que le président a administrés pour les aider pèsent sur les industries qu’il affectionne: l’automobile, l’acier, l’aluminium et le charbon, selon nombre d’économistes et experts.

En juin, le secteur manufacturier a affiché sa plus faible activité en presque trois ans, échappant de peu à la contraction.

En mars, le nombre d’employés dans ce secteur a baissé pour la première fois en deux ans et depuis croît à un rythme plus lent que il croît désormais plus lentement que le reste de la main-d’oeuvre américaine.

Scott Paul, le président de l’association de l’industrie manufacturière reconnaît que Donald Trump manie l’hyperbole mais souligne que "beaucoup d’Américains souhaitaient voir un président qui se bat pour l’industrie américaine".

Depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier 2017 –et comme il l’avait promis– Donald Trump a taxé des centaines de milliards de dollars de produits importés, renégocié des accords commerciaux et multiplié les menaces de rétorsion quand les partenaires commerciaux des Etats-Unis renâclent ou quand une entreprise américaine ferme un site.

Pour Gregory Daco, chef économiste d’Oxford Economics, une demande molle, un dollar fort et les évolutions sur plusieurs décennies ont réduit le secteur industriel comme peau de chagrin. Et la guerre commercial tous azimuts lancée par le président n’aide pas non plus à ses yeux.

"Les politiques protectionnistes ont pesé sur les secteurs mêmes qu’elles devaient protéger", affirme t-il à l’AFP.

– Menaces pour l’automobile –

Le charbon est en crise malgré la dérégulation des protections environnementale et les millions versés dans la recherche pour améliorer le rendement des centrales thermiques. Mais las, face aux solutions moins chères et plus propres la consommation de charbon est au plus bas depuis 40 ans, selon le ministère de l’Energie, et les fermetures de mines abondent.

L’aluminium –un secteur choyé par la Maison Blanche au nom de la sécurité nationale– a bien vu sa production primaire augmenter après les mesures protectionnistes mais le nombre d’employés a baissé de 1% depuis janvier 2017, selon le ministère du Travail. Et à wall Street, les actions des deux principaux producteurs: Century Aluminum et Alcoa ont chuté de 50% depuis l’année dernière.

Selon Tom Leary, vice-président chez Harbor Aluminum au Texas, l’administration n’es tpas allée assez loin. "10% de tarifs douaniers, ce n’est pas assez", affirme t-il.

Quant au secteur automobile, il cherche la solution à la révolution des transports qui s’annonce avec l’arrivée de voitures autonomes et la production de masse de véhicules électriques en investissant des milliards de dollars mais en fermant des usines qui fabriquaient les voitures "classiques".

Le secteur supprime des emplois au rythme le plus rapide depuis la Grande récession.

La menace sans cesse brandie par le président de taxer les importations de voitures fabriquées à l’étranger à hauteur de 25% déstabilise aussi une industrie automobile aux Etats-Unis largement décentralisée au Canada et au Mexique.

Mais pour l’heure le président tient le cap sur les taxes douanières. Elles sont "un excellent instrument de négociation, qui fait rentrer de l’argent et, c’est le plus important, un moyen puissant de faire venir les entreprises aux Etats-Unis et de faire REVENIR celles qui étaient parties dans d’autres pays", a-t-il tweeté vendredi.

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