Les « gilets jaunes » se mobilisent de nouveau, tenaces malgré des dissensions

Les « gilets jaunes », divisés sur l’opportunité de présenter une liste aux européennes, ont commencé à se mobiliser de nouveau samedi en France, affichant leur ténacité contre Emmanuel Macron qui regagne en popularité, dix jours après l’ouverture du grand débat national censé résoudre cette crise sociale inédite.

Rester visibles et audibles dans la rue, c’est le défi des "gilets jaunes" dont les manifestations contre la politique sociale et fiscale du gouvernement secouent chaque samedi plusieurs villes françaises, depuis mi-novembre.

Avec 84.000 manifestants recensés par les autorités lors des deux derniers samedis, la contestation a semblé trouver un second souffle après la trêve de Noël et du Nouvel an.

Depuis dix jours, le gouvernement tente néanmoins de canaliser les colères en organisant des réunions de débat-citoyen, dont plus de 1.500 étaient référencées vendredi sur un site dédié (granddebat.fr).

Alors, pour entretenir la flamme, cet acte 11 des "gilets jaunes" mise sur de nouvelles stratégies.

A Paris, les manifestants seront dispersés entre quatre défilés déclarés, dont trois rejoindront la place de la Bastille, dans le centre de la capitale.

Samedi matin, quelque 150 "gilets jaunes" étaient rassemblés sur la célèbre avenue des Champs-Elysées.

Bechir Mahroug, 42 ans, électricien à Paris, est revenu pour la 11e fois consécutive parce que "rien n’a bougé". "On veut l’augmentation du Smic (salaire minimum, ndlr) et on n’arrêtera pas tant qu’on ne l’aura pas obtenu", assure-t-il. Lui dit vivre "bien", mais "manifeste pour les retraites, les enseignants". "On va revenir tous les week-end", car les listes pour les européennes sont une "diversion", selon lui.

Alors que plusieurs récents sondages créditent Emmanuel Macron d’une hausse de popularité, les rangs des "gilets jaunes" sont gagnés par de nouvelles querelles internes, après la rupture entre deux de leurs leaders historiques, Éric Drouet et Priscillia Ludosky.

Ainsi, l’annonce mercredi de la création d’une liste de "gilets jaunes" intitulée "Rassemblement d’initiative citoyenne" aux européennes de mai, a semé la division.

Sur les Champs-Elysées, Marc, un retraité de 64 ans vivant en banlieue parisienne est venu manifester car la politisation du mouvement lui "fait peur". "On se disperse, on aurait du rester groupés". "Mais du moment qu’on vient ici et qu’on leur fait peur à notre tour, ça va aller", se rassure-t-il.
Caméras piétons

Les "gilets jaunes" sont ensuite appelés à participer de 17H00 (16H00 GMT) à 22H00 (21H00 GMT) à une "nuit jaune", elle aussi déclarée, sur la place de la République, un lieu qui avait accueilli plusieurs semaines de rassemblements citoyens, intitulés Nuit debout en 2016.

En dehors de Paris, les autorités redoutent également des débordements à Bordeaux et Toulouse, places fortes de la mobilisation, après de spectaculaires violences ces dernières semaines.

Plusieurs marches nocturnes, dont une s’est déroulée à Dunkerque (nord) vendredi, sont également prévues comme à Montpellier (sud) ou Oloron-Sainte-Marie (sud-ouest). D’ambitieux projets de chaînes humaines ont également fleuri sur Facebook.

Dimanche, au lendemain de cet acte 11, une autre manifestation est prévue: celle des "foulards rouges" pour faire entendre "la majorité silencieuse" et défendre "la démocratie et les institutions", contre les violences qui ont émaillé plusieurs manifestations des "gilets jaunes" depuis novembre.

Pour la première fois samedi, les forces de l’ordre dotées du controversé lanceur de balles de défense (LBD), seront équipées de caméras-piétons, a décidé le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, promettant plus de "transparence" dans l’usage de cette arme non-létale accusée d’avoir éborgné plusieurs manifestants.

La justice française a refusé vendredi de suspendre son usage malgré les craintes de certains syndicats et d’organisations de défense des droits de l’homme de voir de nouveaux blessés voire des morts parmi les manifestants.

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