Les fonctionnaires appelés à la grève et à battre le pavé partout en France

Une mobilisation unitaire qui pourrait n’être "qu’une étape": les fonctionnaires sont appelés à faire la grève et à manifester partout en France jeudi contre le projet de loi censé "moderniser" leur statut, au menu de l’Assemblée nationale à compter du 13 mai.

Marseille a ouvert cette journée avec une manifestation dans la matinée sur la Canebière, derrière une banderole CFDT-CFE/CGC-CFTC-CGT-FO-Solidaires-FSU-Unsa "Contre la loi Dussopt – Défendons ensemble la fonction publique et ses services".

"Services publics ou privés de service ?", interrogeait une pancarte, tandis qu’un manifestant dénonçait "le grand remplacement des fonctionnaires par des contractuels" et un autre brandissait le "traité d’économie hérétique" de Thomas Porcher, évoquant les emplois externalisés dans le ménage et l’entretien.

Une manifestation et un rassemblement ont également eu lieu à Ajaccio et Bastia. Des perturbations ont été annoncées sur l’antenne de France 3 Corse et des retards sur les vols de Air Corsica, en lien avec le mouvement.

A Dunkerque les douaniers étaient très majoritaires parmi les manifestants. Ils sont engagés depuis début mars dans un conflit avec Bercy pour obtenir des moyens et effectifs supplémentaires, un mouvement particulièrement suivi dans les Hauts-de-France avec comme point sensible le tunnel sous la Manche.

A Paris, le cortège s’élancera à 14H00 de la place Denfert-Rochereau, à destination des Invalides.

Les neuf syndicats de la fonction publique (CGT, CFDT, FO, FSU, Solidaires, Unsa, FA-FP, CFE-CGC, CFTC) représentant les 5,5 millions d’agents publics dénoncent une réforme à "la portée très grave", y compris pour la qualité du service rendu aux citoyens.

Pour le gouvernement, au contraire, la réforme facilite notamment le recours aux contractuels, comme une nécessité pour rendre l’administration "plus attractive et plus réactive" face aux "nouvelles attentes" des Français.

Les syndicats ont prévenu que la journée de jeudi ne serait "qu’une étape" d’une mobilisation "dans la durée" pour "dire non" à ce projet de loi présenté en Conseil des ministres le 27 mars et demander au gouvernement qu’il "ouvre enfin des négociations sur de nouvelles bases".

Le secrétaire d’Etat Olivier Dussopt leur a opposé jeudi matin sur Cnews une fin de non-recevoir, confirmant qu’il n’y aurait ni retrait, ni renégociation de cette réforme "attendue par les agents" selon lui.

Pour le numéro un de la CGT Philippe Martinez, cette mobilisation n’est "pas la bataille uniquement des fonctionnaires, c’est la bataille des fonctionnaires et des usagers pour maintenir des écoles, des hôpitaux, et tout ce dont on a besoin en proximité", a-t-il souligné sur RMC et BFMTV.

"On n’est pas contre une rénovation, des évolutions, mais il faut faire attention à comment" on "considère" les fonctionnaires", a fait valoir de son côté sur Franceinfo le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger
"Passage en force"

Chez les enseignants, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer a anticipé un taux de grévistes "d’environ 15 %" dans le primaire, "moins" dans le secondaire.

Selon Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU (premier syndicat du primaire), un "bon tiers" des enseignants du premier degré étaient en grève jeudi. Les enseignants déplorent l’absence de réponse sur les salaires mais ils s’inquiètent plus particulièrement pour l’avenir de leur profession. La "loi pour une école de la confiance", bientôt en discussion au Sénat, "ne répond aucunement aux urgences de l’école", regrette-t-elle.

Une "forte mobilisation" était également attendue dans les établissements hospitaliers, selon Patrick Bourdillon de la CGT santé/action sociale pour qui "on a atteint un point de non-retour" avec des services "en train d’exploser".

L’ensemble des syndicats critiquent "un passage en force" du gouvernement, qu’ils accusent de vouloir une fonction publique alignée sur les règles du privé, au détriment du statut de fonctionnaire et de l’indépendance des agents.

Bernadette Groison (FSU) parle de "désaccord profond" avec le gouvernement et Gaëlle Martinez (Solidaires) d’un texte "qui fait l’unanimité contre lui".

A la CFDT, Mylène Jacquot cite "l’élargissement du recours au contrat" comme "vrai désaccord" tandis qu’à FO, Christian Grolier dénonce la surdité d’un "gouvernement antifonctionnaires" et que Luc Farré (Unsa) fustige un texte "boîte à outils" pour "privatiser à terme la fonction publique".

Le projet de loi sera au menu de l’Assemblée nationale à compter de lundi en première lecture. Le gouvernement souhaite le faire adopter avant l’été pour une entrée en vigueur au 1er janvier 2020.

Il s’inscrit dans un objectif de suppression de 120.000 postes d’ici à 2022.

Le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin a qualifié d’"atteignable" cet objectif le 26 avril, alors qu’Emmanuel Macron s’était dit la veille prêt à "l’abandonner", demandant au gouvernement "son analyse d’ici l’été".

Supprimer 120.000 postes "n’est pas un totem", a assuré jeudi Olivier Dussopt. "Mais il faut aussi faire des économies".

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