Les dirigeants allemands à la synagogue après l’attentat de Halle

Les plus hauts représentats de l’Etat allemand se rendent jeudi à la synagogue de Halle au lendemain d’un attentat antisémite et alors que les critiques fusent dans la communauté juive, qui exige une meilleure protection et une mobilisation accrue contre l’extrême droite en plein essor.

Le président de la République, Frank-Walter Steinmeier, y sera présent en fin de matinée. Il doit rencontrer notamment des représentants de la communauté juive, qui compte quelque 225.000 personnes en Allemagne.

Le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer, doit lui s’y rendre un peu plus tard en compagnie d’ un représentant du Congrès juif mondial, Maram Stern, et du président du Conseil central des Juifs d’Allemagne, Josef Schuster.

Ce dernier, figure écoutée en Allemagne, a vivement mis en cause la police quelques heures après l’attentat qui a fait deux morts et bouleversé le pays, en jugeant "scandaleux" que la synagogue visée par le tireur n’ait pas fait l’objet d’une protection policière mercredi en ce jour de Yom Kippour, la grande fête religieuse juive.

– ‘Front uni’ –

"Nous devons constituer un front uni contre les néo-nazis et autres groupes extrémistes. Le fait qu’ils gagnent en influence en Allemagne 75 ans après l’Holocauste est très parlant", lui a fait écho le président du Congrès juif mondial, Ronald Lauder.

Mercredi, un Allemand de 27 ans, présenté comme Stephan Balliet par les médias, a fait irruption lourdement armé devant les portes de la synagogue de Halle, à 170 km au sud-ouest de Berlin.

Vêtu d’une veste militaire, coiffé d’un casque surmonté d’une caméra filmant l’assaut, il avait l’intention d’y commettre un carnage dans l’édifice où étaient réunis environ 80 fidèles.

Il n’en a été empêché que par les portes fermées à double tour par mesure de sécurité, qui ont résisté à ses tirs de fusil à pompe.

"Dieu voulait aujourd’hui que nous vivions", a témoigné sur les réseaux sociaux une des fidèles, Rebecca Blady.

L’assaillant a alors tué manifestement au hasard une passante puis un client d’un restaurant turc à proximité avant d’affronter la police, qui finira par le blesser puis l’arrêter lors d’une course poursuite.

– Christchurch –

Les autorités doivent donner ver 13H00 GMT des détails sur son profil et ses éventuels antécédents.

Selon le quotidien Bild, le jeune homme vivait seul avec sa mère à une quarantaine de kilomètres de Halle. Il avait interrompu des études et passait de longues heures devant l’ordinateur.

L’homme au crâne rasé a agi seul, de manière semble-t-il assez improvisée.

Et surtout en s’inspirant de la mise en scène de l’extrémiste de droite australien responsable en mars de l’attentat contre des mosquées en Nouvelle-Zélande qui avait fait 51 morts. Son film a été diffusé en direct pendant 35 minutes sur la plateforme Twitch, puis ensuite largement partagée.

Il a également publié avant l’attentat un "manifeste" antisémite dans lequel il fait part de son objectif de "tuer autant d’anti-Blancs que possible, de préférence des Juifs", selon l’observatoire du terrorisme SITE et le quotidien die Welt.

La communauté juive, en plein essor depuis l’arrivée de nombreux Juifs de l’ex-URSS au début des années 90, réclame une meilleure protection, dans un contexte de hausse continue des actes antisémites dans le pays.

L’an dernier, ils ont augmenté de près de 20% par rapport à 2017, à 1.799, selon les statistiques de la police. L’Allemagne compte la troisième plus grande communauté en Europe, derrière la France et la Grande-Bretagne, selon la chercheuse Niele Wissmann.

– NSU –

La mouvance néonazie est à l’origine d’une bonne partie d’entre eux, dans un contexte d’essor continu de l’extrême droite politique en Allemagne, qui veut en finir avec la culture du repentir national pour les horreurs du IIIe Reich.

L’attentat intervient après le meurtre en juin d’un élu pro-migrants du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel (CDU). Le principal suspect est un membre de la mouvance néonazie.

Cette affaire a rappelé la tuerie xénophobe d’un groupuscule néonazi, NSU, responsable du meurtre d’une dizaine d’immigrés en Allemagne à partir de 2000.

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