Les brillants dîplomés marocains indésirables sur le sol français

Que va devenir Najib, ce jeune diplômé marocain de l’Ecole Supérieure de Constructions Aéronautiques, une des plus prestigieuses institutions de l’enseignement supérieur français..? Son titre de séjour en France a expiré il y a quelques semaines. Convoqué à la préfecture, on lui a fait comprendre qu’il est persona non grata sur le territoire français. Dans son pays d’origine le Maroc, il a fréquenté le lycée Paul Valery de Meknès. On l’y a encouragé à tenter les concours français les plus difficiles. Au terme de deux ans de travail acharné en classe préparatoire à Paris, il intègre cette grande école et finit cinquième de sa promotion.

Najib voit s’ouvrir de belles perspectives professionnelles. Il a d’ailleurs obtenu très vite une promesse d’embauche. Mais les autorités préfectorales ont décidé autrement. Et pour cause, cette circulaire Guéant-Bertrand, émise par les ministères français de l’Intérieur et du Travail le 31 mai 2011.

Son contenu est d’une brutalité inouïe : Elle demande aux préfectures de durcir les conditions de délivrance des permis de travail et de multiplier les obstacles pour l’obtention de la carte de séjour, document exigé aux étudiants étrangers qui ne font pas partie de la communauté européenne. L’objectif est de passer de 30.000 visas de travail à 20.000, mais aussi de privilégier les diplômés français sauf sur les métiers dits ‘’en tension’’.

Ils sont donc des dizaines de milliers, jeunes diplômés bac+5 étrangers non ressortissants de l’Union européenne, à se heurter, comme Najib, à cette nouvelle réglementation en vigueur qui fait que l’administration rechigne à leur délivrer un changement de statut (CDS), sésame nécessaire pour pouvoir signer un contrat de travail.

Certes à l’époque où cette fameuse circulaire est sortie, il y a eu très peu de gens qui se sont indignés. Sauf que maintenant les cas de jeunes diplômés étrangers, pourtant brillantissimes pour qui les portes de l’emploi se ferment à cause de la dite circulaire, commencent à se multiplier. Et l’affaire qui touche particulièrement les étudiants du Maroc, de Chine et de l’Algérie, étant donné que les plus gros contingents viennent de ces trois pays, prend une toute autre dimension.

Les critiques fusent : l’enseignement supérieur a fait part de ses inquiétudes. Pour le président de la Conférence des présidents d’université, la circulaire est ‘’très grave’’. Elle peut ‘’détruire’’ les conventions passées avec les universités étrangères.
L’Unef, Union nationale des étudiants français, exige, quant à elle, le ‘’retrait pur et simple’’ de la circulaire, tout comme le Parti socialiste qui fait remarquer, dans un communiqué qu’après les avoir formés, refuser à ces diplômés la possibilité de faire profiter notre pays de leurs talents est ‘’proprement aberrant’’.

La région Ile-de-France, dirigée par la gauche, a réclamé à son tour, le retrait de la circulaire et souligné que ‘’la politique du chiffre et des arrière-pensées électoralistes ne justifient pas de détourner de nos universités des étudiants qui contribuent au rayonnement culturel et scientifique de notre pays’’.

Aux critiques des directeurs d’écoles ou de chefs d’entreprise se joignent maintenant celles de plusieurs membres du gouvernement et parlementaires UMP qui sont montés au front pour dénoncer cette aberration et réaffirmer que les étudiants étrangers représentent des atouts importants pour les entreprises qui souhaitent les recruter et donc pour la France.

A noter par ailleurs que le nombre de professions ouvertes aux étrangers non européens a été revu à la baisse cet été. Et pour finir un arrêté du 8 septembre fait passer les ressources indispensables pour obtenir un titre de séjour étudiant de 460 euros à 770 euros par mois.

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