Les Frères musulmans de Syrie élisent un nouveau chef

Les Frères musulmans de Syrie, un important groupe de l’opposition au régime du président Bachar al-Assad mais en perte de vitesse sur le terrain, ont élu un nouveau chef, Mohammad Hekmat Walid.

"La choura (conseil) des Frères musulmans de Syrie a élu pour quatre ans comme nouveau contrôleur général Mohammad Hekmat Walid, qui succède au cheikh Mohammad Shaqfa", selon le texte.

Hussam Ghadban a été désigné comme son adjoint lors du vote organisé jeudi à Istanbul, siège de l’opposition syrienne en exil.

Originaire de Lattaquié –un fief du régime–, M. Walid, 70 ans, est le 12e chef de la confrérie fondée en Syrie au début des années 1940 mais bannie depuis les années 80 après un soulèvement contre le président Hafez al-Assad, père de Bachar.

M. Walid, un ophtalmologue ayant étudié en Grande-Bretagne, a enseigné dans diverses facultés de médecine à l’étranger, notamment en Irlande et en Arabie saoudite.

Considérés comme les mieux organisés au sein de l’opposition syrienne, les Frères musulmans ont été souvent accusés par leurs détracteurs de velléités hégémoniques.

Soutenue par le Qatar et la Turquie, la confrérie appuie des groupes rebelles islamistes luttant contre le régime Assad depuis 2011. Ces groupes sont toutefois en perte de vitesse depuis un an face à la montée des jihadistes.

Les Frères sont la bête noire de l’Arabie saoudite, l’autre parrain de l’opposition syrienne et grand rival du Qatar. Cette rivalité est considérée comme l’une des raisons derrière l’affaiblissement de l’opposition à Bachar al-Assad.

"En dépit des pressions saoudiennes pour les marginaliser et en dépit de difficultés financières, les Frères musulmans demeurent un élément essentiel de l’opposition politique", explique à l’AFP Thomas Pierret, spécialiste de l’islam contemporain.

"C’est le seul mouvement organisé au sein de l’opposition politique, le nombre de ses cadres est sans comparaison avec celui de n’importe quelle autre formation et ceux-là bénéficient d’une longue expérience", poursuit ce professeur à l’université d’Edimbourg.

Toutefois, M. Pierret souligne que le Qatar "est de plus en plus sensible aux pressions des autres pays du Golfe pour lâcher les Frères musulmans".

Au niveau de la rébellion, ils représentent désormais "un élément relativement marginal, sans pour autant être inexistants".

La confrérie a été fondée en 1928 en Egypte par Hassan al-Banna avec comme objectif une renaissance islamique et la lutte contre le modèle occidental, une doctrine diffusée ensuite dans d’autres pays.

En Syrie, le mouvement a mené un soulèvement armé contre le régime de Hafez al-Assad, avant d’être brutalement écrasé à Hama (centre) en 1982 (au moins 10.000 morts). Une loi toujours en vigueur condamne à la peine de mort tout membre de la confrérie.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite