Législatives : les Marocains votent dans un climat serein et calme

Dans un climat serein et calme, les Marocains votent ce vendredi 7 octobre pour élire leurs députés dans un scrutin marqué par un duel entre islamistes et modernistes.

(Par envoyés spéciaux)

« Au niveau de mon bureau, ce sont 30 personnes qui ont voté une heure après l’ouverture des bureaux de vote à 08H00. Un chiffre plus élevé par rapport aux législatives de 2011 », nous assure une personne chargée de suivre le scrutin.

« Je suis là pour accomplir un devoir national, le vote des citoyens va certainement changer la donne », nous explique un enseignant. « Je vais voter. Je ne vous dirai pas pour qui mais je sais pour qui je ne vais pas voter », nous dira une jeune femme.

Pour le politologue Mohamed Tozy, «Il y a une vraie in­cer­ti­tude sur le ré­sul­tat de ces élec­tions et sur leurs consé­quences, ce qui a ra­re­ment été le cas au Maroc. Et fi­na­le­ment, c’est un très bon signe pour la dé­mo­cra­tie.»

Le ministère de l’Intérieur s’est engagé à organiser un scrutin "transparent", conformément aux "directives" du souverain.

Le taux de participation aux élections législatives a atteint 10 % à 12h00 au niveau national, selon les informations parvenues des préfectures, provinces et préfectures d’arrondissement du Royaume, indique le Ministère de l’Intérieur. La participation doit culminer après la grande prière de vendredi.

Duel frontal PJD-PAM

Dans les bureaux de vote les opérations s’y déroulaient de façon bien organisée, avec dans chaque salle de classe faisant office de bureau, un isoloir et des observateurs des partis politiques.

Sur les bulletins de vote, des symboles permettent d’identifier chaque parti alors que près d’un tiers de la population est analphabète: un tracteur pour le PAM, une lampe à huile pour le PJD, un chameau, un parapluie, un avion, ou encore un soleil ou un éléphant pour d’autres formations.

Cette journée pas comme les autres au Maroc signe la fin d’une campagne électorale frontale entre les deux principaux, le Parti justice et développement (PJD), et le Parti modernité et authenticité (PAM)).

Les is­la­mistes du PJD, au pou­voir de­puis cinq ans, et leur chef de file le Pre­mier mi­nistre Ab­de­li­lah Ben­ki­rane ont croisé le fer avec le PAM, une for­ma­tion so­cio-li­bé­rale. Cela sur fond de trans­pa­rence ac­crue dans le sys­tème élec­to­ral. Le mi­nistre de l’In­té­rieur l’a af­firmé à plu­sieurs re­prises : le scru­tin sera exempt de fraudes. Pas moins de 4.000 ob­ser­va­teurs ont été dé­pê­chés pour veiller au bon dé­rou­le­ment du vote.

Après cinq an­nées aux com­mandes, le PJD af­fiche un bilan en demi-teinte. Certes, le dé­fi­cit pu­blic a été ré­duit de 7 % à 3,2 % mais la crois­sance (3,2 % en moyenne) est l’une des plus faibles de­puis les an­nées 1960. Pour le PAM, son ad­ver­saire po­li­tique, il s’agit là d’un bilan « ca­tas­tro­phique ». Et ce n’est pas tout : avec le PJD, c’est l’« is­la­mi­sa­tion ram­pante » de la so­ciété Marocaine, fus­tige le PAM.

« La ligne idéo­lo­gique de Ben­ki­rane est un dan­ger pour le Maroc », mar­tèle Ilyas El Omari. Son dis­cours trou­veun écho dans une opi­nion pu­blique in­quiète face à la me­nace d’une is­la­mi­sa­tion ram­pante de la so­ciété.

Sur la trentaine de partis en lice, huit ont une audience véritablement nationale et peuvent espérer obtenir un groupe parlementaire, dont la Fédération de la gauche démocratique (FGD), qui a fait une campagne sur le thème de la "troisième voie", et le parti Istiqlal, parti historique de la lutte pour l’indépendance.

Les principaux leaders politiques avaient déjà voté à la mi-journée. M. El-Omari l’a fait à Rabat, souhaitant à cette occasion que "les Marocains aillent exercer leur droit de vote".

Le Premier ministre Benkirane a lui aussi voté dans la capitale. Il s’est félicité auprès de l’AFP d’une "campagne réussie" et a pronostiqué la "victoire" du PJD.

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