Législatives en Tunisie: les principales forces politiques en lice

Quelque 1.300 listes composées de 13.000 candidats réparties sur 33 circonscriptions -27 en Tunisie et 6 à l’étranger- sont en concurrence pour les 217 sièges du futur Parlement tunisien lors des élections du 26 octobre.

La Tunisie est entrée samedi en campagne pour les législatives du 26 octobre, un scrutin qui, près de quatre ans après la révolution, ambitionne de doter le berceau du Printemps arabe d’institutions démocratiques pérennes.

Cette première journée de campagne devait cependant s’avérer très calme car elle coïncide avec l’une des principales fêtes musulmanes, l’Aïd al-Adha.

Quelque 5,2 millions d’électeurs devront élire, avec près de deux ans de retard sur le calendrier initial, 217 députés dans 33 circonscriptions, y compris six à l’étranger. Ils retourneront aux urnes le 23 novembre pour choisir leur futur président. Malgré l’absence de sondages, ceux-ci étant interdits en période électorale, médias et observateurs s’accordent pour dire que les favoris des législatives sont les islamistes d’Ennahda et leurs farouches adversaires du parti séculier Nidaa Tounès.

Une multitude d’autres formations sont en lice, notamment d’ex-responsables du régime déchu de Zine El Abidine Ben Ali, si bien qu’au total quelque 13.000 personnes sont candidates.

L’ensemble de la classe politique dit vouloir placer l’économie au cœur de la campagne, la pauvreté et le chômage, facteurs de la révolution, continuant de miner un pays à la croissance anémique.

Voici les principales formations en lice pour ce scrutin crucial, près de quatre ans après la révolution:

– Ennahda:

Grands vainqueurs des élections à l’Assemblée constituante en octobre 2011, les islamistes d’Ennahda (la Renaissance) ont dirigé la Tunisie jusqu’à début 2014. Revendiquant 80.000 membres organisés par des institutions internes stables et respectées, il s’agit du seul parti de masse organisé et discipliné du pays.

Affaibli par de graves crises et l’assassinat de deux opposants aux islamistes en 2013, Ennahda a quitté le pouvoir pour laisser la place à un gouvernement apolitique chargé de préparer les législatives.

Mais face à une opposition morcelée, ce parti qui était interdit et violemment réprimé jusqu’à la révolution reste le pivot de la scène politique et fait figure de favori.

Axant sa campagne sur le "consensus", Ennahda n’a pas retenu les candidatures les plus controversées, notamment les ténors de la frange dure du parti appelant à l’application de la loi islamique.


– Nidaa Tounès et la division du camp anti-islamiste:

Une multitude de partis allant de l’extrême-gauche au centre-droit font campagne en se positionnant en alternative à Ennahda.

Malgré une brève tentative d’union en 2013, au pic de la crise politique qui mena Ennahda à quitter le pouvoir, ces différents mouvements font finalement cavalier seul pour les législatives tout en se disant prêts à former des coalitions après les élections.

Un parti sort néanmoins du lot, Nidaa Tounès, conduit par Béji Caïd Essebsi, 87 ans, qui ambitionne d’arracher la présidentielle en novembre. Il avait occupé le poste de Premier ministre après la révolution et organisé les élections remportées par Ennahda.

Ancien ministre du père de l’indépendance Habib Bourguiba, ex-chef du Parlement sous le président déchu Zine El Abidine Ben Ali, il cherche à unir les adversaires des islamistes.

Le parti est cependant très tiraillé en interne, de nombreux cadres craignant la trop grande influence laissée à des personnalités issues du régime Ben Ali.

Nidaa Tounès est aussi concurrencé par des partis dits "destouriens", revendiquant eux aussi l’héritage de Bourguiba et ayant des liens étroits avec d’ex-responsables du régime déchu.

– Les alliés affaiblis des islamistes:

Après sa victoire électorale en 2011, Ennahda s’est allié à deux partis de la gauche séculière, le Congrès pour la République (CPR) et Ettakatol, qui ont obtenu respectivement pour leurs chefs Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaafar la présidence de la République et celle de la Constituante.

Rapidement, ces deux partis ont vu près de la moitié de leurs élus rejoindre d’autres formations, généralement pour dénoncer les compromis négociés avec les islamistes. Leur base militante est aussi très affaiblie.

Aucun des deux partis n’a indiqué s’il comptait de nouveau s’allier avec Ennahda mais ils continuent d’assurer que leur coalition a sauvé le pays du chaos en ne le divisant pas entre religieux et laïcs.

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